Moulin d’Hyères : bientôt fermé

Le Moulin d’Hyères, à Carnoët, qui produit depuis plus de 40 ans des céréales et des farines pour les animaux, arrêtera définitivement son activité le 31 mars 2022. Le groupe Eureden, auquel il appartient, nous explique les raisons de la fermeture du site.
Dans la salle de pause, l’ambiance est morose. Les quinze salariés et
six intérimaires du Moulin d’Hyères ne sont plus vraiment motivés, et
pour cause : l’annonce de la fermeture définitive de leur outil de
travail pour l’année prochaine ne les a pas vraiment surpris, mais une
telle nouvelle n’est jamais facile à avaler. « Nous avons reçu un e-mail
le 12 avril dernier, dans l’après-midi, pour une réunion avec la
direction le lendemain, le 13 avril », se souvient précisément
Marie-Louise. « On nous a passé une vidéo en nous montrant les tonnages
et leur évolution à la baisse, poursuit Claude. La direction nous a donc
annoncé la fermeture de notre site, pour le 31 mars 2022. » La sentence
était tombée.
Plus de 40 ans de production
L’usine de fabrication
d’alimentation animale a démarré sur le site du moulin en 1979. À cette
époque, la demande était importante et croissante, la production du
Moulin d’Hyères n’était pas encore rentrée en concurrence avec celle des
autres pays européens. En 2002, lorsque la coopérative agricole
Triskalia a repris les commandes, les voyants étaient toujours au vert.
Pourtant, au 1er janvier dernier, les coopératives Triskalia et
Cecab-d’Aucy ont fusionné pour donner naissance à une coopérative unique
appelée Eureden. La gouvernance s’est alors renouvelée. Elle repose
aujourd’hui sur un conseil d’administration composé de 28 agriculteurs
issus des quatre départements bretons et représentatifs de toutes les
productions agricoles.
Une réorganisation industrielle des sites
Pierre
Anthonny, le directeur général adjoint d’Eureden, qui n’est pas
agriculteur, mais salarié à temps plein dans le groupe, nous éclaire sur
les raisons de la mise à l’arrêt du site. « La décision de fermeture de
l’usine de Carnoët s’inscrit dans un plan global de réorganisation
industrielle des usines d’aliments du groupe. Le fait majeur qu’il faut
retenir, c’est avant tout la baisse des productions animales sur le
territoire breton, aussi bien en lait, en porc, en volailles, en œufs…
Et cette tendance va s’accélérer dans les années à venir. Beaucoup
d’exploitants partent actuellement à la retraite sans successeur. Et
puis les modes de consommation ont changé. Aujourd’hui, nous mangeons
moins de viande. Cette baisse générale de la production entraîne
évidemment une baisse de la nutrition animale. Lors du mariage entre les
deux coopératives Cecab-d’Aucy et Triskalia, le 1er janvier dernier,
nous avons constaté que certains sites étaient trop faibles en tonnage,
c’est-à-dire qu’ils n’étaient plus rentables, car ils ne produisaient
plus assez ; d’où notre décision de fermer le Moulin d’Hyères, mais
aussi deux autres sites à Rennes. En 2022, nous fermerons donc trois
sites sur les quatorze que compte Eureden dans le grand ouest de la
France. Cela représente une trentaine de salariés au total. »
Une pression européenne
L’argument
économique reste donc l’explication première de cette fermeture de
site. Ajoutons simplement que cette baisse de la production s’explique
également par le fait qu’aujourd’hui, la concurrence européenne
s’intensifie. De plus en plus de pays comme l’Espagne, les Pays-Bas ou
la Pologne produisent eux-mêmes leurs cochons ou leurs volailles et
conjointement la nourriture nécessaire à leur élevage. Et ainsi,
inexorablement, la demande en matière de granulés et de farine animale
chute côté breton.
Un environnement fragile
Quant à la rivière
qui passe à proximité, l’Hyères, elle apparaît également comme un
élément de contrainte supplémentaire pour l’usine de Carnoët. « Lorsque
nous nous sommes penchés sur la rentabilité des différents sites du
groupe, poursuit Pierre Anthonny, nous avons pris en compte plusieurs
critères, pas seulement économiques. Il est vrai que le site de Carnoët a
la particularité d’être installé sur la rivière. Historiquement, c’est
normal pour un moulin ! Mais le site, en zone inondable, reste
préjudiciable en cas de débordement des eaux. » Effectivement, cet
élément ne pourrait plaider en faveur d’une éventuelle remise en
question de la fermeture.
Un reclassement des salariés
À l’annonce
de la fermeture, la majorité des salariés semblaient plutôt résignés.
« Vous savez, souligne Claude, nous n’avons aucun moyen de pression pour
nous opposer à cette fermeture. Nous savons très bien que si nous nous
arrêtons de travailler demain, la production sera délocalisée sur une
autre usine du groupe. Alors, bon, on attend de voir ce que la direction
va nous proposer… » Pierre Anthonny, le directeur général adjoint,
précise : « Notre volonté est de signer avec nos partenaires sociaux un
accord de gestion de l’emploi et des parcours professionnels, appelé
GEPP. Ce qui signifie que nous souhaitons un reclassement des salariés,
sur les autres sites du groupe Eureden, qui compte plus de 9.000
collaborateurs sur tout le territoire. Nous avons déjà commencé à
bloquer certains postes à Plouisy ou Plouagat, pour l’alimentaire
animale, ou bien à Rostrenen ou Glomel, pour des fonctions logistiques
ou d’agrofournitures. Et si certaines personnes souhaitent travailler
dans nos magasins, ce sera possible aussi. » Au final, espérons-le, il
ne devrait pas y avoir de plan social ni de licenciements secs. À
Carnoët, bon nombre de salariés ont dépassé les trente ans d’ancienneté.
Si certains pensent tout naturellement à la retraite, d’autres semblent
plus soucieux pour leur avenir. « Quand vous avez vu le champignon
sortir de terre et quand vous le voyez aujourd’hui crever, ça ne fait
pas plaisir, lâche Rémi, qui travaille au Moulin depuis quarante ans. Je
suis surtout inquiet pour les jeunes. Le centre Bretagne se meurt peu à
peu. »
Isabelle Lebœuf
La campagne électorale du NPA sur le canton de CALLAC affiche comme premier mot d'ordre l'interdiction des licenciements.
Quoi de plus juste pour les 15 salariés qui vont être licenciés ou contrains d'aller travailler à des distances plus importantes de leurs domiciles.
Bonjour l'emprunte carbone....