mardi 25 juillet 2023

edito

 

Dans le monde de Macron même les vacances sont pourries

Cette année, le nombre de personnes qui ont renoncé à partir en vacances cet été frise les 40 %, un bien triste record. La France a beau rester parmi les destinations touristiques les plus visitées au monde, ce bol d’air attendu toute l’année et qui passe bien trop vite, devient un privilège pour de plus en plus de travailleurs.

Pour beaucoup d’entre nous, l’inflation a rendu impossible de mettre assez de côté pendant l’année. Or cet été plus que jamais, l’essence est chère, le TGV est hors de prix ; même le prix des locations de vacances et des campings a explosé.

Inflation : tous perdants, ou presque…

Cette hausse des prix est présentée par les médias et les politiciens comme une fatalité : c’est la guerre en Ukraine, les « lois » de leur économie, bref il n’y a rien à faire… Mais si, devant l’inflation, nous sommes tous perdants, il y a aussi quelques gros gagnants, qui se font très discrets. Tous les spéculateurs qui ont fait gonfler le prix des matières premières, les géants de l’agro-alimentaire ou de la grande distribution qui ont profité de l’aubaine pour augmenter leurs marges : tous ces profiteurs ont fait des bénéfices record, vite reversés en dividendes à leurs actionnaires. La revue Que choisir calculait que les prix alimentaires avaient pris 19 % au mois d’avril sur un an.

Des salaires qui ne suivent pas

Il y a eu beaucoup de grèves cette année sur les salaires, dont plusieurs victorieuses, comme chez Vertbaudet, mais sur l’ensemble des travailleurs, les hausses de salaire n’ont pas compensé l’inflation. Les patrons distribuent bien ici ou là des primes pour tenter de calmer notre colère, mais ils savent qu’ils pourront toujours la diminuer ou la supprimer l’année prochaine, et que ces primes ne comptent pas pour les retraites.

Au final, ce sont les inégalités qui se creusent, et la pauvreté qui progresse : 14 % de la population pour certains calculs, presque plus de dix millions d’habitants de ce pays.

La planèteTerre détraquée par le capitalisme

Même pour ceux qui auront la chance de partir en vacances, les records de chaleur qui s’annoncent en France et dans le monde nous rappellent que le changement climatique, lui, ne s’arrête pas pendant l’été. Certains, plutôt que d’aller passer l’été au pays font même venir leur famille en France, pour échapper à la canicule là-bas. La sécheresse sur toute l’année écoulée met en péril les réserves d’eau et la biodiversité en France, les incendies se déclarent déjà en Europe, alors qu’on peut craindre une multiplication d’orages et d’inondations d’ici l’automne.

Or c’est bien la boulimie de pétrole, de gaz et de charbon du capitalisme qui met notre avenir, et même déjà notre présent, en danger. Chaque mois qui passe à ne rien faire dans la lutte pour le climat nous place dans un monde toujours plus invivable. Et décerner une Légion d’honneur au PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, comme l’a fait Macron le 14 juillet, en dit plus que tous ses discours sur leur prétendue transition écologique.

Pendant ce temps, à l’Élysée et ailleurs

Pas étonnant que le petit jeu de chaises musicales du remaniement de gouvernement ne passionne pas grand monde. Qui peut attendre quoi que ce soit de Macron, de son gouvernement, quel que soit le casting ?

Les Républicains comme le Rassemblement national, eux, sont toujours dans leur course à l’échalote de la sortie la plus dégoûtante sur les jeunes et les immigrés suite aux émeutes. En particulier, c’est dans ces moments-là que le RN, qui se garde bien de gêner ses amis patrons et d’évoquer leurs profits insolents, révèle sa vraie nature de classe : serviteur loyal du capitalisme.

Plusieurs problèmes, mais une seule solution

Au final, qu’il s’agisse de l’inflation, des bas salaires, du réchauffement climatique, du racisme ou de la xénophobie, on trouve un de ces gangs capitalistes aux commandes. Ils font un sale boulot mais comme ils sont la classe dirigeante, ils pensent qu’ils pourront continuer à jouer avec nos vies quoi qu’il arrive. À nous de leur donner tort, et d’aller leur arracher les manettes des mains. Oui, c’est possible et la lutte exceptionnelle que nous avons menée pour nos retraites pendant plusieurs mois leur a bien fait peur !

Éditorial du NPA du 24 juillet 2023