lundi 10 juillet 2023

edito

 

Leur ordre social, nous n’en voulons pas

29 juin 2023, Nanterre

Leur police qui tue et qui mutile…

Tous les politiciens, du RN au PS et PCF, en passant par LR et la majorité serrent les rangs autour de la police. « L’ordre républicain doit être restauré ! » a déclaré Gérard Larcher. « Je me sens aussi solidaire et en soutien des forces de l’ordre, des polices municipales, nationales, de la gendarmerie » a-t-il ajouté.

Les familles de victimes des violences policières apprécieront ! Après la mort de Nahel le 27 juin dernier, la liste s’est encore allongée. À Marseille, Mohamed B. tué par un tir de flash-ball alors qu’il roulait à scooter. À Mont-Saint Martin, en Meurthe-et-Moselle, Aimène Bahouh, dans le coma depuis le 29 juin, touché par un tir de « bean bag », un sachet rempli de billes de plomb, alors qu’il roulait en voiture.

Et cela sans parler d’Alhoussein Camara, jeune livreur guinéen de 19 ans, tué d’une balle en pleine poitrine par un policier, alors qu’il se rendait à son travail. Il aura fallu attendre la mort de Nahel, deux semaines plus tard, et la révolte qu’elle a entraînée, pour que le policier qui l’a tué soit mis en examen.

Leur justice anti-pauvres

La justice est plus pressée pour certains ! Depuis le début des émeutes, une justice expéditive et punitive vise à terroriser tous ceux qui voudraient se révolter. Plus de 1 300 interpellations ont eu lieu. Les interpellés sont très jeunes, la majorité entre 13 et 18 ans, et subissent des peines très lourdes pour des délits mineurs. Six mois, dix mois, un an de prison ferme, voire plus, pour des jeunes majoritairement sans casier.

Borne déclarait que les émeutiers devraient « manifester pacifiquement ». Mais lorsque des organisations politiques, des syndicats et des associations organisent des manifestations, les autorités les interdisent aussitôt. Samedi dernier, la marche en mémoire d’Adama Traoré, tué par les gendarmes en 2016, a été interdite, même si plusieurs milliers de personnes ont bravé l’interdiction. Derrière cette hypocrisie, il y a l’angoisse que la contestation se généralise,se renforce et se politise davantage.

Leur morale hypocrite

Pour cela il leur faut mystifier, diviser, effrayer. Dans les médias, c’est un festival de racisme et de déclarations réactionnaires. Ciotti et Zemmour ont appelé à « suspendre les allocations familiales » aux parents de jeunes condamnés pendant les émeutes. Philippe Brun, député socialiste, a appelé à créer « une école de parents ». Une proposition qui reprend la préoccupation d’Emmanuel Macron de « durcir l’Éducation nationale ».

Ces politiciens font la leçon, mais quand la plupart d’entre eux parlent « d’éducation », il faut voir leurs propres enfants : ceux de Zemmour, Dupond-Moretti, Morano et d’autres encore, inculpés pour des délits petits et grands, comme la conduite en état d’ivresse et délit de fuite… Mais ces gosses de riches ne sont que rarement condamnés.

Leur ordre capitaliste

L’éducation ? Depuis des années, les écoles dans les quartiers tombent en ruine. Les enseignants malades ne sont pas remplacés, faute de personnel. Pareil pour les agents d’entretien, en sous-effectif chronique. À la SNCF et à la RATP, les conditions de travail sont tellement dégradées que ces entreprises n’arrivent plus à recruter, d’où des suppressions de bus, de trams, de trains. Voilà ce qui dégrade quotidiennement la vie des travailleurs et travailleuses qui vivent dans les quartiers populaires !

Ils veulent le retour à « l’ordre » mais qu’est-ce que leur ordre, si ce n’est le permis de tuer pour leurs flics, la destruction des services publics, l’inflation et plus largement les inégalités, l’exploitation des travailleurs, l’oppression ? Leur ordre social, c’est de se tuer au boulot pour enrichir leurs actionnaires.

Non, nous ne voulons pas d’un retour à « l’ordre ». Nous voulons lutter contre, avec la même détermination que tous les jeunes qui se sont révoltés ces dernières semaines. Cet ordre ne sera remis en cause que lorsque les travailleurs offriront une perspective à tous les exploités, dans le cadre d’une lutte consciente contre la société capitaliste.

Éditorial du NPA du 10 juillet 2023