mardi 18 juillet 2023

edito

 

notre édito de la semaine


Ah ! ça ira, ça ira… les aristocrates à la lanterne !

14 juillet 1789, la prise de la Bastille

Au moment où le gouvernement vient de célébrer un énième 14 juillet, défilé militaire à l’appui pour faire étalage de puissance devant le bon client en armes françaises qu’est le dirigeant d’extrême-droite indien Narendra Modi, ce chant hérité de la Révolution montre son actualité. Pour une poignée de capitalistes, l’opulence, et pour l’écrasante majorité de la population française, les difficultés de la vie quotidienne et la répression policière. Face à une société toujours plus inégalitaire, les « 100 jours d’apaisement » promis par Macron mi-avril ont commencé par des casserolades et se sont terminés par des révoltes bien légitimes dans les quartiers populaires suite au meurtre de Nahel par un policier.

Des richesses toujours plus indécentes et concentrées

Comme le montre le classement Challenges des 500 plus grandes fortunes de France, publié il y a quelques jours, sous Macron, la bourgeoisie s’est enrichie plus que jamais. La fortune des 500 capitalistes les plus riches de France atteint 1 170 milliards d’euros, progressant de 17 %, soit 168 milliards de plus en un an. Pour figurer au classement, il faut au minimum la coquette somme de 235 millions d’euros de patrimoine, mais pour côtoyer la famille Arnault sur le podium, il faut allonger 200 milliards ! Qu’ils n’essaient pas de nous faire croire que cet argent a été obtenu en travaillant : pour obtenir un milliard d’euros, il faudrait travailler tous les jours pendant plus de 500 ans, à 5 000 euros la journée. Des parasites dont on devrait se débarrasser !

Derrière l’opulence, un pouvoir dictatorial sur la société

Ce classement ne révèle pas qu’un mode de vie à base de luxe et de yachts. Cette concentration du capital entre quelques mains fait qu’une toute petite minorité de capitalistes contrôle des secteurs entiers de l’économie : Dassault dans l’armement, Peugeot dans l’automobile, Mulliez dans la distribution, Bouygues dans le BTP, Besnier dans l’agro-alimentaire, Bolloré dans les médias… Ces 500 capitalistes ont sous leur coupe des millions de salariés, font la pluie et le beau temps sur l’économie, y compris sur les entreprises moyennes et petites qui sont leurs clients ou leurs sous-traitants. Cette poignée d’aristocrates de la fortune – faite sur l’exploitation du travail salarié – s’arroge le pouvoir de décider de ce qu’on produit sur la planète, quoi, où, comment et pour qui… c’est-à-dire pour leur seul profit.

Ils ont des milliards et nous des milliards de raisons de nous révolter !

Car pour nous, travailleurs et travailleuses, c’est l’inflation de plein fouet et des grèves pour pouvoir vivre et non survivre. Les patrons prétendent que l’inflation les ruine, mais leurs poches n’ont jamais été aussi pleines… L’État y veille, les gavant d’argent public à coup de subventions et exonérations, tout comme il veille à l’ordre social. La répression policière à l’égard du mouvement contre la réforme des retraites ou dans les quartiers populaires est là pour protéger cet ordre social inégalitaire. Le gouvernement prend une tournure toujours plus autoritaire, alors qu’une manifestation contre les violences policières, appelée par les familles de victimes dont le comité Adama, a encore été interdite ce samedi 15 juillet.

Les mesures prises dans de nombreuses municipalités montrent tout le mépris, sans parler du racisme, avec lequel ce pouvoir au service des plus riches nous considère : quartiers privés de transports en commun le soir ou privés des rares loisirs pour ceux, nombreux, qui ne peuvent partir en vacances, comme les habitants du Blanc-Mesnil (93) privés de l’opération « Beach Mesnil » en mesure de rétorsion après les émeutes.

Alors nous sommes mille fois légitimes, nous qui subissons leurs attaques incessantes, à imposer par la lutte que cet argent serve à partager le temps de travail, augmenter les salaires et financer les services publics essentiels. C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons ! Oui, en cette période du 14 juillet où l’on commémore le renversement de l’aristocratie, on ne peut que constater que face à des conditions de vie qui s’aggravent et à une bourgeoisie qui nage dans le fric, une bonne révolution est plus que jamais nécessaire !

Éditorial du NPA du 17 juillet 2023