jeudi 28 novembre 2024

algerie

 

Pour qui sonne le glas de la répression en Algérie ? Pas seulement pour Daoud et Sansal !

En arrêtant dans des conditions plus ou moins obscures l’écrivain Boualem Sansal (un enlèvement le faisant disparaitre avant d’avouer l’arrestation), après avoir interdit en Algérie le dernier livre de Kamel Daoud et mené campagne contre lui, le pouvoir algérien fait, à coup de condamnations et opérations policières, ses petits calculs.

Il fait de la surenchère dans les polémiques avec la France qui, pour ses intérêts économiques, a choisi de soutenir le Maroc contre l’Algérie sur la question du Sahara occidental, et où l’attribution du prix Goncourt à Kamel Daoud et tous les éloges de médias liés au pouvoir français comme à l’extrême droite ont quelques motivations politiques, bien éloignées des questions littéraires. En même temps, le pouvoir algérien essaye de se donner le beau rôle vis-à-vis de l’opinion publique algérienne, en s’en prenant à deux auteurs aux opinions politiques profondément réactionnaires et en grattant la corde nationaliste, pointant les penchants qu’ils affichent pour la France impérialiste.

Ainsi l’arrestation de Sansal, décrété ennemi de l’Algérie, permet à Tebboune de justifier les multiples arrestations d’opposants au régime, présentés eux aussi comme ennemis de l’Algérie. Les communiqués de l’agence de presse algérienne, repris dans divers journaux algériens, s’empressent de dénoncer « l’agitation d’une partie de la classe politique » française qui serait « une preuve supplémentaire de l’existence d’un courant haineux contre l’Algérie » et la preuve que ce « lobby ne rate pas une occasion pour remettre en cause la souveraineté algérienne ». Le journal algérien El Watan souligne les prises de position de Sansal en faveur du Maroc sur l’annexion du Sahara occidental (dans le journal d’extrême droite Frontières) et les protestations d’Éric Zemmour à l’arrestation de l’écrivain.

CQFD, dit en quelque sorte Tebboune : vous voyez bien que tous ces opposants qu’on arrête, anciens militants du Hirak, blogueurs irrespectueux du régime et autre mal-pensants, sont tous des ennemis du peuple algérien. Sans parler de tous ces jeunes qui expriment dans les stades, à l’occasion des matchs de foot, leur malaise de vivre dans la misère et le chômage, et leur colère contre les privilégiés du régime.

Ce n’est pas pour des raisons beaucoup plus reluisantes que, de l’autre côté de la Méditerranée, nos bien-pensants du monde politique hexagonal y sont allés de leur indignation démocratique, les Marine Le Pen, Zemmour, Ciotti, Wauquiez, Macron et autres, qui s’empressent de parer Daoud ou Sansal de « lucidité » et de « valeurs républicaines et démocratiques ». Eux qui trouvent normal que leur république tricolore matraque et emprisonne en Nouvelle-Calédonie ou en Martinique. Lucidité, c’est un peu vite dit pour un Kamel Daoud qui dénonce au nom de la laïcité un « Mélenchon auto hamassisé » et lui préfère l’euro-députée RN Malika Sorel-Sutter qui « ose dire » qu’une immigration soumise à la religion est « un risque majeur pour tous », explique-t-il. Certificat de démocratisme là aussi, pour un Boualem Sansal qui voit pourtant dans l’Israël de Netanyahou une « grande et belle démocratie », même s’il écrit qu’il craint qu’elle sombre avec la guerre.

Liberté d’expression à défendre, en Algérie comme en France. Mais idées réactionnaires à combattre.

Olivier Belin

mercredi 27 novembre 2024

facho

 

Pas d’extrême droite dans nos manifs : ni facho, ni sioniste !

Paris, 23 novembre 2024. Photothèque Rouge / Copyright : Martin Noda / Hans Lucas.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce samedi contre les violences faites aux femmes. Des cortèges associatifs, syndicaux, politiques venus crier leur détermination à ne plus supporter que les femmes soient littéralement objets de violences allant jusqu’au meurtre.

La solidarité internationaliste était palpable, particulièrement envers les femmes d’Iran et surtout de Palestine. Et c’est tant mieux et cela devra être largement renforcé dans les semaines à venir par des mobilisations de solidarité avec la Palestine, le Liban et pour l’arrêt de la colonisation.

Dans toutes les villes où se tenaient des manifestations, c’est la détermination qui a donné le ton.

À Paris aussi mais on ne peut passer sous silence la présence du groupe sioniste NousVivrons, pour la deuxième fois consécutive après le 8 mars 2024, défilant du même côté de la ligne policière que le groupe d’extrême droite Némésis.

Alors que la perspective des mobilisations du 8 mars 2025 est déjà dans les têtes, dès maintenant, tous les cadres unitaires doivent se prononcer contre la présence d’organisations sionistes, d’extrême droite, hostiles aux revendications du mouvement ouvrier et/ou à la solidarité internationaliste !

Paris le 25 novembre 2024

Communiqué de presse du NPA-Révolutionnaires

lundi 25 novembre 2024

gaza

 

Voyage à Gaza, documentaire de Piero Usberti

Voyage à Gaza
documentaire de Piero Usberti
Actuellement en salle

En 2018, Piero Usberti, jeune réalisateur italien, a décidé de partir dans la bande de Gaza pour y filmer la vie quotidienne. Par le biais des structures d’échanges culturels entre Gaza et Sienne, il a rapidement rencontré Sarah, une Gazaouie de 25 ans qui est devenue sa guide pendant une grande partie du séjour et lui a permis de mener des entretiens avec plusieurs travailleurs. Ce documentaire a le mérite de montrer la réalité du blocus mené par Israël depuis 2007 et l’insécurité permanente dans laquelle vivaient déjà les habitants de Gaza, bien avant les attaques du 7 octobre 2023. L’insécurité alimentaire mais aussi bien sûr physique, y compris pour des paysans ou des pêcheurs qui ne faisaient que leur travail aux frontières de Gaza et se faisaient régulièrement tirer dessus par les sentinelles israéliennes. On y suit les espoirs de toute une jeunesse étudiante, les conditions de vie sous le Hamas – notamment pour les femmes et la classe ouvrière –, ou encore les manifestations courageuses du vendredi pour le droit au retour des réfugiés, lesquelles firent de nombreuses victimes dont certaines sont interviewées. Personne dans le documentaire n’affirme être militant d’une organisation mais tous jugent la situation invivable. Fuir Gaza ou résister, il n’y a pas d’autres choix. Dans les deux cas, c’est risquer sa vie. La frontière avec l’Égypte leur est en effet fermée, rappellent plusieurs habitants et ailleurs, c’est Israël. La voix off de Piero Usberti accompagne ses images et recontextualise l’histoire de la colonisation de la Palestine et la responsabilité des pays impérialistes dans la situation. Enfin, l’émotion étreint le spectateur devant la vie qu’on y voit malgré les difficultés et qu’on ne verra plus. La bibliothèque communiste de Mohanad, le café du bord de mer où on parle librement, les échoppes de Gaza-ville où valsent les saveurs… et bien sûr les Gazaouis eux-mêmes. Au nord, la ville de Gaza est aujourd’hui détruite à 75 % (60 % pour l’ensemble de la bande). Selon l’ONU, il faudra 14 ans pour déblayer les décombres de toutes les destructions. Ce documentaire constitue donc une mémoire précieuse de Gaza et de ses habitants mais aussi une invitation urgente à cesser le massacre.

Barbara Kazan

samedi 23 novembre 2024

7 heures

 

Faire payer toujours plus les travailleurs

Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, les sénateurs ont adopté, par 219 voix contre 119, ce qu’ils estiment être « une mesure choc » : imposer aux salariés de travailler gratuitement sept heures de plus par an, une pseudo « contribution de solidarité » censée rapporter 2,5 milliards d’euros. « C’est une piste intéressante. Ça fait partie des réflexions pour trouver des ressources supplémentaires pour nos comptes publics », a aussitôt réagi sans surprise Marc Ferracci, le ministre de l’Industrie. Faire payer les travailleurs toujours plus est la seule philosophie que connaissent la droite et le gouvernement. Quant à taxer plus les dividendes, les bénéfices, les superprofits et les grandes fortunes pour alimenter « nos comptes publics », ça il n’en est toujours pas question.