vendredi 17 novembre 2023

GAZA

 

En photos : les premières pluies hivernales exacerbent les conditions désastreuses dans la bande de Gaza déchirée par la guerre

Par Mohammed Zaanoun, 15 novembre 2023

Des familles palestiniennes s’abritent de la pluie à l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023.

Les premières pluies de l’hiver ont commencé à tomber hier dans la bande de Gaza, exacerbant les conditions déjà désastreuses résultant des bombardements aériens, de l’invasion terrestre et du siège intensifié du territoire par Israël depuis le 7 octobre . Dans ce reportage photo, +972 rencontre plusieurs Palestiniens et Palestiniennes dans la ville de Khan Younis, au sud de Gaza, pour voir comment ils et elles font face au manque de nourriture, d’eau et d’abris au milieu de cette crise humanitaire provoquée par des humains.

Abed Barghout passe ses journées à fabriquer et vendre des falafels dans la rue . «Nous n’avons ni combustible ni gaz pour la cuisine. Notre seule option est d’utiliser du bois et des boîtes en carton pour cuisiner », dit-il. « Mais même se procurer du bois est difficile : les prix ont quadruplé et on ne peut pas l’acheter dans les villes ou dans les camps de réfugiés. On ne peut l’obtenir que dans les zones agricoles frontalières, là où nous risquons encore plus notre vie.»

Abed Barghout prépare des falafels dans la rue à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023. (Mohammed Zaanoun)

« Il y a aussi une grave pénurie de nourriture et nous cuisinons avec le peu d’ingrédients qu’il nous reste », poursuit-il. « Je vends principalement des falafels et il y a une énorme demande. Depuis plusieurs jours, les falafels sont le seul produit que je peux proposer. Alors les gens ne mangent que des falafels. L’aide qui arrive ne contient aucune nourriture; il y a principalement des fournitures médicales et un peu d’eau. »

Munira Al-Masri se réfugie dans une tente dans la cour de l’hôpital Al-Nasser à Khan Younis. « Il a plu hier soir et ce matin. Nos conditions de vie quand il pleut sont difficiles à décrire : nous sommes trempés », dit-elle. « Nous avons tous et toutes été déplacés de nos maisons, nous vivons donc dans des tentes que nous recouvrons de nylon. Et en plus, il n’y a ni nourriture ni eau potable. »

Munira Al-Masri s’abrite à l’hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023. (Mohammed Zaanoun)

Sally Al-Masri est également hébergée à l’hôpital Al-Nasser. « J’ai été déplacée avec ma famille de la région de Heteen dans le camp de réfugiés de Khan Younis », dit-elle. « Regardez comment nous vivons maintenant à cause de cette guerre : il pleut, nous sommes assis ici dans des tentes mais pas protégés de la pluie. Mes enfants jouaient dehors et sont revenus maintenant tout mouillés. »

Les enfants de Sally Al-Masri s’abritent à l’hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023. (Mohammed Zaanoun)

Saeda Al-Masri a également fui le camp de réfugiés de Khan Younis avec sa famille après qu’il ait été bombardé par l’armée israélienne. « Nous sommes d’abord arrivés à l’école de l’UNRWA, mais elle était pleine », explique-t-elle. « Il n’y avait pas de place pour nous là-bas, alors nous sommes venus ici, à l’hôpital Al-Nasser. Nous avons monté une tente, et hier nous avons réussi à mettre du nylon dessus contre la pluie. »

Saeda Al-Masri s’abrite à l’hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023. (Mohammed Zaanoun)

« Mes enfants veulent des vêtements, ils sont complètement trempés », poursuit-elle.  « La tente ne peut pas nous protéger de la pluie. C’est la première pluie et nous ne sommes qu’au début de l’hiver. Mon fils est venu me voir ce matin tout mouillé et m’a demandé des vêtements secs. Que puis-je répondre ? Je lui ai dit que je n’avais même pas un shekel. J’aimerais que quelqu’un vienne me réparer la tente pour que nous puissions dormir la nuit. »

Les enfants de Saeda Al-Masri s’abritent à l’hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 novembre 2023. (Mohammed Zaanoun)

« Hier soir, mes enfants me harcelaient pour avoir de la nourriture », a poursuivi Al-Masri. « Tout le monde avait faim. Ma petite fille avait mal au ventre. Mes enfants meurent de faim, mais je ne peux pas leur donner à manger. Nous étions censés recevoir du riz hier, mais il n’a pas été distribué comme promis. Hier soir, à 22 heures, je suis allée partout et j’ai mendié de la nourriture. Une personne gentille m’a donné un peu de riz. J’avais honte de demander de la nourriture. »

Source : +972 Magazine

Traduction BM pour Agence Média Palestine