lundi 29 juillet 2024

edito

 

Gare au retour de flamme !

Source : wikimedia commons, photo de Superbenjamin

À travers la cérémonie d’ouverture, les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris ont voulu nous faire vivre le rêve d’une France mythique et inclusive. Plutôt réussie, au grand dam de tous les fachos et les réacs, à travers l’évocation de grandes figures féminines de l’histoire de France et l’image d’une société française métissée et tolérante… Les huées adressées à Macron rappellent toutefois que la réalité est loin d’être idyllique !

Un pognon de dingue

Les chiffres donnent le tournis : cette seule cérémonie a coûté 122 millions d’euros, soit trois fois plus que celle des JO de Londres en 2012. Quant au budget officiel de ces JO, il atteint les 9 milliards d’euros, 11 milliards si on ajoute les coûts indirects, tels que la dépollution de la Seine (1,4 milliard d’euros). Quand il le veut, l’État peut se donner des moyens financiers colossaux. Pour le plus grand bonheur du CIO et des sponsors, qui s’en mettent plein les poches. Au premier rang desquels LVMH, qui a trouvé moyen de faire des JO un spot publicitaire ininterrompu, depuis la cérémonie d’ouverture jusqu’à la remise des médailles !

Avec une telle débauche de moyens, il y aurait de quoi faire fonctionner correctement tous les services publics, les écoles, les hôpitaux, les transports, ou encore les équipements sportifs municipaux, souvent bien dégradés.

Le revers de la médaille

Car la mise en scène de ces JO consiste à faire oublier la réalité dans laquelle nous vivons. À commencer par cacher la pauvreté, largement présente en France. Un regroupement d’associations qui s’intitule justement « Le revers de la médaille » dénombre plus de 12 500 personnes expulsées en Île-de-France sur la période de préparation de ces JO. Campements détruits, places d’hébergement d’urgence supprimées, les plus précaires ont été victimes de ces opérations, dans le but de les rendre invisibles. Plus de 3 000 étudiants ont été contraints de quitter leurs résidences universitaires durant l’été. Et il a suffi que les flics qui devaient les occuper s’indignent de leur état d’insalubrité pour qu’ils soient aussitôt désinsectisés et dératisés, alors que les jeunes dénonçaient cette situation depuis des années !

La trêve ? Dans ses rêves !

Macron ne cesse de le proclamer : les JO, c’est la trêve. À commencer par le fait qu’il se passe de nommer un gouvernement et repousse toute décision aux calendes grecques, sous couvert d’olympisme !

Mais les danseurs avaient menacé de faire grève lors de la cérémonie d’ouverture, pour réclamer une meilleure rémunération. Des salariés de l’hôtel du Collectionneur, privatisé par le CIO durant les jeux, ont débrayé en affichant sur leurs pancartes : « Hôtel de luxe, salaire de misère ». Ces différentes contestations qui ont lieu pendant les Jeux rappellent que les luttes sociales continuent et vont continuer, car se défendre est une question vitale pour le monde du travail. C’est donc plutôt le contraire de ce que Macron espère : ce sont peut-être même les JO qui vont relancer nos revendications, notamment celles sur les salaires. À commencer par ces primes JO qu’on nous a parfois fait miroiter dans des secteurs comme les transports ou la santé, et qui sont attribuées selon des critères tellement restrictifs et inégalitaires selon les postes occupés, que de nombreux salariés risquent en fait de ne pas les toucher, ou très partiellement.

L’unité de la France, vantée par tous les commentateurs de ces JO ? C’est plutôt l’unité du monde du travail, dans les prochaines mobilisations pour la défense de nos droits et de nos conditions de vie, qu’il va falloir construire.

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 29 juillet 2024