mardi 18 décembre 2018

MATHIAS

  LE TELEGRAMME

Tribunal. Il manifeste contre Macron avec un couteau dans la poche : l’affaire mise en délibéré

Mardi matin, des syndicalistes se sont donné rendez-vous devant le tribunal, afin de soutenir Mathias Mauduit, poursuivi pour port d’arme blanche.
Mardi matin, des syndicalistes se sont donné rendez-vous devant le tribunal, afin de soutenir Mathias Mauduit, poursuivi pour port d’arme blanche. (Photo Charles Menguy)

En marge de la visite du président Macron à Saint-Brieuc, le 20 juin 2018, un syndicaliste était arrêté avec un couteau dans la poche. Ce mardi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, ce trentenaire a pu s’expliquer sur les raisons de ce port d’arme. Le jugement sera rendu le 29 janvier prochain.

Ce mardi 18 décembre, Mathias Mauduit, syndicaliste CGT et engagé, attend patiemment dans la salle des pas perdus du palais de justice de Saint-Brieuc. Autour de lui, des militants venus le soutenir, alors qu’il doit se présenter d’ici à quelques minutes devant le tribunal pour avoir été contrôlé par la police en possession d’une arme blanche, le 20 juin 2018, au Légué, en marge de la visite d’Emmanuel Macron.

Ce jour-là, cet homme de 38 ans quitte son travail pour la pause déjeuner, décide de pique-niquer sur le pouce, puis de se rendre au rassemblement organisé par plusieurs syndicats sur la rive plérinaise. Dans son sac se trouvent des restes de son repas ; dans sa poche, un couteau pliable.

« J’étais innocent »


Le président de la République n’est pas encore arrivé sur les lieux, que le prévenu quitte le port pour retourner travailler en ville, à Saint-Brieuc. Une amie propose de l’accompagner en voiture jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche. Alors qu’ils marchent vers le véhicule, Mathias Mauduit se fait contrôler par la police, en charge de sécuriser la zone durant la visite présidentielle. Il indique détenir le couteau. Un objet qu’il a acheté en 2016 et qui le suit au quotidien.
Interpellé, le trentenaire est placé en garde à vue. Au commissariat, il ne signe pas la notification de ses droits, puis refuse de se soumettre au prélèvement biologique. « Pourquoi ces refus ? », l’interroge la présidente du tribunal. « Parce que je n’avais pas commis de délit. J’étais innocent », explique-t-il simplement.

« Activiste ne veut pas dire délinquant »


« Peu importe le lieu, du moment que l’on se trouve hors de son domicile avec une arme blanche, il est possible de porter atteinte à l’intégrité d’autrui », lance la procureure, pour qui le fait de porter même un couteau pliable ne se justifie pas, l’excuse du pique-nique ne tenant pas debout. Au vu de son casier vierge et de son insertion dans la société, elle requiert 300 € d’amende et l’interdiction de posséder ou porter une arme pendant trois ans.
Pour maître Rabin, conseil du prévenu, « activiste ne veut pas dire délinquant », pointant du doigt le fait que son activité militante soit possiblement à l’origine du contrôle. Une avocate qui démonte également les arguments classant le fameux couteau en catégorie D. « Si le simple fait d’avoir un couteau est une infraction, beaucoup de personnes respectables se retrouveraient sous le coup de la loi ». Quant aux refus, elle explique que son client s’est retrouvé dépassé par les événements et sollicite la relaxe.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le jugement sera rendu le 29 juin 2019.