Kanaky : trois tours de Valls… et puis s’en va sous la pression des loyalistes !
Le troisième séjour de Valls, ministre des Outre-mer, n’aura pas eu plus de succès que les deux précédents pour lui permettre de jouer à l’homme providentiel dans l’archipel calédonien. Aucune fumée blanche n’est sortie du « conclave » de Bourail, auquel ont participé, entre le 5 et 8 mai, des représentants du FLNKS (le principal front d’organisations indépendantistes) et ceux des Loyalistes farouchement anti-indépendantistes, dont la principale porte-parole, Sonia Backès, dirigeante de la Province-Sud et très bonne amie de Macron, Larcher, Darmanin et Retailleau, avait déclaré en juillet 2024 : « Au même titre que l’huile et l’eau ne se mélangent pas, je constate à regret que le monde kanak et le monde occidental ont, malgré plus de 170 années de vie commune, des antagonismes encore indépassables. »
Le projet de Valls, proposant à terme pour l’archipel « une souveraineté partagée » et « la possibilité d’une double nationalité », avec la possibilité de référendum « non binaires » (sous-entendu ne reposant pas directement la question de l’indépendance) et maintenant toutes les compétences régaliennes de l’État français, s’inscrivait dans la logique des accords de Nouméa (1988) et de Matignon (1998) : faire une place aux partis indépendantistes kanak, tout en assurant l’essentiel : le maintien du « Caillou » dans le giron de l’impérialisme français.
Valls espérait profiter aujourd’hui du fait que l’économie locale est au bord du gouffre pour imposer aux notables locaux les conditions de l’État français. Les dirigeants du FLNKS y étaient prêts, mais c’en était trop pour Backès et consorts. Cette fraction des Caldoches d’extrême droite défend en fait la partition de l’archipel, avec une mainmise coloniale exclusive sur la province Sud autour de « Nouméa la Blanche », qui compte les territoires les plus riches et les zones les plus urbanisées. Valls, lâché par Macron, a dû repartir avec ses stylos : « Nous devons constater, avec franchise, qu’aucun accord n’a été conclu ». Mais il a laissé derrière lui 2 600 gendarmes, 16 véhicules blindés et 10 policiers du Raid.
À l’approche du premier anniversaire du soulèvement de la population kanak, notamment de sa jeunesse, le 13 mai 2024, contre le projet de refonte du corps électoral aujourd’hui abandonné, une bonne partie de l’archipel est de nouveau sous le coup des interdictions de toute manifestation. Et des dizaines de prisonniers politiques sont toujours déportés en métropole, dont Christian Tein, le leader de la CCAT qui avait coordonné les manifestations contre l’ordre colonial.
Marie Darouen
Non à la répression en Kanaky !
Nous extrayons ici quelques lignes d’un rapport du Collectif Solidarité Kanaky sur le Suivi de la situation des prisonniers Kanak qui fait état de la situation effroyable dans les prisons de Kanaky-Nouvelle Calédonie.
« De nombreux témoignages recueillis font état en mai (et après) de restrictions de nourriture, de traitements inhumains et dégradants, de violences physiques sur les détenus, d’actes de torture, par des personnels du service pénitentiaire, et d’accès aux soins inexistants. Selon différents témoignages de prisonniers, un jeune détenu Kanak, originaire de Canala, serait mort en mai 2024 suite à des coups reçus par du personnel pénitentiaire sans secours apporté. »
Voir en PDF le rapport du Collectif sur le Suivi de la situation des prisonniers Kanak