vendredi 2 novembre 2018

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Kanaky-Nouvelle-Calédonie : un référendum « décolonial » ? 

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Le dimanche 4 novembre aura lieu le référendum d’autodétermination en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Une étape du cycle ouvert par les accords de Matignon (1988) signés à la suite du soulèvement du peuple kanak et du massacre de 19 militants indépendantistes sur l’île d’Ouvéa le 5 mai 1988.

La Kanaky : colonie d'hier et d'aujourd'hui
Dans la longue histoire coloniale en Nouvelle-Calédonie, depuis l’annexion officielle en 1853 jusqu’à aujourd'hui, l’État français a mené un large éventail des politiques impérialiste et coloniales : confiscation des terres (création de « réserves kanak »), tentative d’élimination physique (en 1906 les Kanak ne sont plus que 30 000, moitié moins qu’en 1853), création d’un statut de sous-humain (code de l’indigénat jusqu’en 1945), et enfin colonisation de peuplement qui favorise la mise en minorité des Kanak.
La revendication d’indépendance s’est développée dans la résistance à l’oppression et avec la volonté de préserver une culture très différente du modèle imposé par les colons. Depuis 1988, l’État se présente comme arbitre, garant de la justice sociale, de la paix et d’un processus de décolonisation. La réalité est tout autre.

Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) : un bilan largement négatif
Les Kanak (39% de la population) sont, parmi les communautés de l’île, celle qui reste le plus à l’écart du développement économique, de l’accès à l’éducation, etc. En 2017, le taux de chômage pour la population kanak était de 18,6% alors qu’il était de 11,6% pour l’ensemble de la population. Les emplois qu’elle occupe sont les moins rémunérés et les plus précaires. Le « transfert des compétences » et l’effort promis pour le développement n’ont pas été au rendez-vous. Le Sénat coutumier parle de « peuple sinistré ».
Les divisions se sont approfondies dans le mouvement indépendantiste au cours des 30 dernières années. Un grand nombre de Kanak est désormais en grande défiance vis-à-vis des dirigeants politiques, et les consignes de votes diverses du coté indépendantiste sont l’expression de stratégies différentes pour l’accès à l’indépendance et de visions parfois antagonistes du rapport à l’État français.

Un référendum inscrit dans un processus de décolonisation ?
Les conditions du vote, avec un corps électoral qui devait être bloqué aux natifs et résidents avant 1994, ont connu des modifications qui rendent les Kanak encore plus minoritaires. L’enjeu du scrutin n’est dès lors pas le «  oui » ou le « non » à l’indépendance, mais dans quelle proportion le « non » sera majoritaire. La non-participation sera aussi un indicateur de la situation politique. Le Parti travailliste et le syndicat USTKE, dans le camp indépendantiste, appellent à ne pas aller voter.
Les divers partis de droite et d’extrême droite sont unis pour que ce scrutin soit l’enterrement de la revendication d’indépendance. Les résultats peuvent amener des tensions, tant l’insatisfaction, voire le désarroi sont présents, en particulier dans la jeunesse kanak. Le racisme envers les Kanak est toujours très ancré et les milices de droite et d’extrême droite encore prêtes à se reformer.

Nous dénonçons la politique coloniale de l’État français !
La politique de peuplement se poursuit avec les salaires doublés pour les fonctionnaires et un an de plus de cotisation retraite pour 3 années travaillées sur le territoire. Mais on observe aussi une justice territoriale raciste : plus de 90 % des prisonniers du territoire sont kanak. Sans parler de la tentative de dissolution de la culture kanak et de la revendication d’indépendance par une assimilation synonyme de misère sociale.
L’indépendance de la Kanaky ne sera probablement pas à l’ordre du jour au soir du 4 novembre, le mouvement indépendantiste dans son ensemble réfléchit à élaborer de nouvelles stratégies, et le peuple kanak aura besoin de notre soutien le plus large, le plus lucide et le plus anti-colonialiste possible.

Montreuil le 2 novembre 2018