mercredi 14 novembre 2018

hosoto nuit

LE TELEGRAMME

Travail de nuit. Dialogue de sourd à l’hôpital

Une cinquantaine d’agents se sont réunis mardi soir pour décider quelle suite donner au mouvement de protestation initié en juin. Le conflit devrait se durcir.
Une cinquantaine d’agents se sont réunis mardi soir pour décider quelle suite donner au mouvement de protestation initié en juin. Le conflit devrait se durcir.

Un mouvement de grève commencé en juin, des assignations envoyées chaque semaine aux agents, une direction inflexible et la CGT qui annonce 80 % de soutien au sein des équipes et prévoit un durcissement du conflit : le projet de nouvelle organisation du travail de nuit à l’hôpital attise, plus que jamais, les tensions.

Un score écrasant : 98,8 % des personnes défavorables au changement d’organisation voulue par la direction, avec une participation de 80 % (84 votants sur 105). Ce mardi après-midi, les responsables de la CGT du centre hospitalier ont rendu public les résultats du vote, organisé par le syndicat, quatre soirées durant (entre le 30 octobre et 7 novembre), auprès des personnels de nuit titulaires, contractuels et en arrêt maladie.
Au moment de l’annonce, environ 50 soignants étaient présents, souvent très remontés contre leur direction. « C’est scandaleux. Ils veulent que nous soyons corvéables à merci. Nous n’aurons plus de vie sociale », dénonce Thierry, aide-soignant. Des propos qui trouvent écho auprès de Rémy et Géraldine, tous deux infirmiers : « On va se retrouver à leur disposition tout le temps, alors qu’on s’organise nous-même depuis longtemps et que ça fonctionne très bien ».


« Ils ont l’habitude de fonctionner en totale autonomie »


L’origine du conflit, c’est la nouvelle organisation du travail de nuit à l’hôpital voulue par la direction. Un texte qui prévoit, entre autres, de fusionner les deux équipes de nuit, de confier à deux cadres l’organisation des plannings, mais aussi un changement de rythme pour les week-ends et une augmentation des effectifs (+ 2,8 postes).
Selon la direction, le point de blocage, c’est « la perte d’indépendance des agents. Depuis des années, ils ont l’habitude de fonctionner en totale autonomie et de faire ce qu’ils veulent pour poser leurs récupérations », énonce le directeur des ressources humaines Gaël Cornec. « Nous, nous voulons que, comme partout, des cadres valident les congés et l’organisation du travail. Et ça les embête beaucoup ».
Du côté du personnel mobilisé, la lecture du projet est tout autre. Les uns craignent de travailler cinq week-ends sur six (vendredis soir et dimanches soir inclus), tandis que les autres redoutent de devoir intervenir dans d’autres services que le leur, sur demande de la direction. Et ce que tous appréhendent, ce sont les conséquences sur leur vie sociale et familiale. « Le nombre de congés sera le même. Le temps de travail sera identique. Ce qui pose question, c’est la gestion de la prise de récupération », insiste Gaël Cornec qui poursuit : « C’est de notre responsabilité de se soucier de ce qui se passe la nuit à l’hôpital ».

« Nous n’allons pas en rester là »


Un discours qui ne passe pas auprès d’une majorité du personnel de nuit. Sept mois après le début du conflit, les deux parties campent sur leurs positions. La direction réaffirme régulièrement que la réforme entrera en vigueur. « Faire demi-tour n’est plus possible », exposait ainsi, dans Le Télégramme, le directeur Richard Rouxel le 16 octobre.

En grève depuis le mois de juin, les agents hospitaliers viennent malgré tout travailler. Chaque semaine, ils reçoivent en effet un courrier de leur administration pour les assigner à venir à l’hôpital (une mesure réglementaire ayant pour but d’assurer la permanence des soins). Seulement, fort des résultats du vote, la CGT a posé, ce mardi, la question de la suite du mouvement aux soignants. La réponse des agents : « Nous n’allons pas en rester là ». Le bras de fer va donc se poursuivre avec, très certainement, un durcissement du conflit.