mardi 8 juillet 2025

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Licenciements chez De Dietrich : quand l’extrême droite tente d’instrumentaliser la colère sociale

Alors qu’en 2023 BDR Thermea investissait 20 millions d’euros sur son site de Mertzwiller dans le Bas-Rhin (De Dietrich, fabrication de pompes à chaleur), le 20 mai dernier le groupe annonçait la délocalisation de sa production en Slovaquie et en Turquie d’ici 2027 et le licenciement de 320 salariés. Samedi 5 juillet a eu lieu une marche blanche à l’appel de l’intersyndicale, pour s’opposer à ce plan de licenciement. Plus de 700 personnes ont défilé, rassemblant salariés, famille et habitants. Répondant à l’appel, des salariés de la fonderie de Niederbronn (sous-traitant de De Dietrich) étaient aussi présents.

Une fois la marche terminée, des prises de paroles de représentants syndicaux et d’élus locaux ont eu lieu, dont le député du Rassemblement national Théo Bernhardt, hué dès son arrivée à la tribune par les militants de gauche. Ni une ni deux, les membres de FO Métaux, qui tenaient la tribune, n’ont pas hésité à jouer la police, épaulés de militants RN et d’agents de sécurité privée pour virer les militants qui scandaient des slogans contre l’extrême droite, puis ont appelé les gendarmes qui en ont contrôlé plusieurs.

Les perspectives défendues dans les différentes prises de parole (FO, CFE-CGC et élus locaux) se résument à une ligne : nationalisme, protectionnisme et souverainisme. Silence total sur les profits engendrés par les patrons et leur logique capitaliste. Aucune perspective de lutte pour les travailleurs de De Dietrich n’a été défendue et tous s’en sont remis à l’État pour sauver les emplois. Cela revient à demander au gouvernement de garantir au patronat un profit qui lui paraîtrait acceptable en le perfusant d’argent public.

Si la CGT, seule, évoquait la rapacité du patronat et dénonçait à juste titre le RN, elle en appelle, elle aussi, à l’État et à la nationalisation. De quoi sauver les emplois ? Quand on voit le sort réservé à l’hôpital, à l’éducation et à tous les services publics, on se demande en quoi le sort des entreprises nationalisées serait différent.

Ces prises de parole ont servi au RN qui voudrait se prétendre un parti soucieux des travailleurs. Pourtant ce sont les mêmes qui s’opposent aux hausses de salaire, à leur indexation, au gel des loyers, etc. Sans parler de leur politique raciste qui nous divise et fait porter la responsabilité des licenciements, des conditions de vie et de travail sur les étrangers et tous ceux qui seraient trop bronzés ou n’auraient pas la bonne religion.

La seule perspective du RN est de chasser les étrangers pour obliger leurs électeurs à accepter leurs conditions de travail, nous diviser pour mieux nous exploiter. Et le patronat continuera à licencier, y compris pour optimiser ses gains de productivité. L’offensive patronale est générale, la riposte doit l’être tout autant. Le patronat et le RN cherchent à nous diviser, mais seule une lutte d’ensemble des travailleurs et travailleuses, cordonnée, pourrait pousser patronat et gouvernement à reculer sur les licenciements, jusqu’à en imposer l’interdiction !

Nicolas Weber