lundi 7 juillet 2025

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Témoignages de soldats du rang et d’officiers israéliens dans la sale guerre de Gaza : « Notre moyen de communication, c’est la fusillade »

Photo de Jaber Jehad Badwan. Source : wikimedia

 

 

Le quotidien israélien Haaretz a publié le 27 juin les témoignages de soldats du rang et d’officiers engagés au quotidien dans la sale guerre de Gaza. Tous ont demandé à rester anonymes mais leurs propos sont glaçants. Ils décrivent une armée qui, sur le terrain, a l’ordre d’ouvrir le feu sur des civils dès lors qu’elle s’estime menacée. Et la notion de « menace » est on ne peut plus élastique : tout attroupement est a priori suspect et peut être dispersé à la mitrailleuse lourde, avec des obus d’artillerie, des lance-grenades ou des mortiers, même dans des contextes où il n’y a aucun danger immédiat. Et un soldat d’expliquer : « Là où j’étais posté, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour. Ces personnes sont traitées comme des forces hostiles : pas de mesures de contrôles des foules, pas de gaz lacrymogènes, juste des tirs à balles réelles ». Et de conclure : « Notre moyen de communication c’est la fusillade ».

Centres de distribution encerclés par l’armée : 550 morts et 4 000 blessés en un mois

Ce type de tuerie s’est intensifié depuis la fermeture des centres d’aide des agences de l’ONU par Israël et l’apparition, fin mai, d’une pseudo organisation caritative israélo-américaine baptisée Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Ses quatre centres de distribution sont encerclés par l’armée qui vise régulièrement les personnes venues chercher de la nourriture. Et tous les prétextes sont bons pour tirer sur ceux et celles qui arrivent trop tôt ou trop tard, qui s’éloignent des voies d’accès aux centres, qui s’attroupent, etc. En un mois ces tueries ont fait plus de 550 morts et 4 000 blessés qui s’ajoutent à celles qui ont lieu quotidiennement dans les camps de réfugiés systématiquement pilonnés par les Israéliens.

Les soldats évoquent également l’utilisation de civils palestiniens, notamment des enfants, des femmes et des personnes âgées, comme boucliers humains. Recrutés de force, ils sont notamment contraints de participer à des tâches dangereuses (déminage, sécurisation de bâtiments partiellement détruits, etc.) sous surveillance militaire. Ces pratiques sont connues et approuvées par des hauts responsables, y compris ceux du bureau du chef d’état-major. Et ce malgré des décisions de la Cour suprême israélienne qui les juge illégales. Des avis juridiques qu’ignorent superbement les hauts gradés. Et quand ils n’ordonnent pas directement les massacres, ils lâchent la bride à une partie de la troupe qui se filme fièrement en train de piller ou d’incendier des maisons, voire de torturer ou d’infliger des traitements humiliants aux Palestiniens.

Raser les maisons, ça rapporte !

Mais détruire des maisons peut être aussi une bonne affaire pour certains. Un autre soldat raconte: « Aujourd’hui, tout entrepreneur privé travaillant à Gaza avec du matériel de génie reçoit 5 000 shekels [environ 1 260 euros] pour chaque maison démolie…  Ils se font une fortune. De leur point de vue, chaque fois qu’ils ne démolissent pas de maisons, ils perdent de l’argent ». Et lorsque que des Gazaouis s’accrochent à leur demeure, ils sont abattus.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, et le ministre de la défense, Israël Katz, ont démenti « catégoriquement », avec leur culot habituel, ces récits publiés, qualifiés de « mensonges malveillants visant à diffamer l’armée la plus morale du monde ». Armée qui a déjà à son actif plus de 56 000 morts en deux ans, en majorité des civils, dont au moins 17 000 enfants, plus de 320 000 blessés et autant de disparus. En guise de morale, on a vu mieux.

Léo Stern