samedi 17 décembre 2022

BS

                            BEGARD FONDATION LE BON SAUVEUR

                                  Troisième mobilisation des personnels en deux  mois...                                                              Envahissement du Conseil d'Administration



Déclaration de l'intersyndicale CGT-SUD: remise de la lettre de démission collective. 245 démissions


Cela fait maintenant de nombreux mois que les salariés de la Fondation alertent sur la situation extrêmement tendue que nous vivons.
Nos salaires sont rognés année après année : plus de 30% des personnels ont un coefficient en dessous du SMIC, depuis l’an 2000 nous avons perdu 30% de salaire réel ! L’inflation, elle, n’a pas fini d’augmenter !
Nos conditions de travail se sont dégradées : la fermeture de lits lors du dernier projet d’établissement, conjugué avec l’augmentation des besoins de la population suite à la crise sanitaire ont amenés à une intensification du travail, tout particulièrement dans les services d’hospitalisations et les établissements médico-sociaux. Cette intensification du travail s’est traduite par une augmentation des problèmes de santé des salariés. Ayant à cœur de bien faire notre travail et d’apporter à la population les soins et l’accompagnement dignes qu’elle mérite, trop souvent nos collègues dépassent leurs limites et mettent leur santé en danger en continuant à venir travailler. Jusqu’au jour où le corps lâche : nous constatons une augmentation très importante des arrêts maladie de longue durée ! De plus en plus de collègues gardent des séquelles à vie de ce travail devenu trop intense !
Cela engendre un absentéisme important qu’il est de plus en plus difficile de compenser par des remplacements : nos métiers sous-payés et exténuants n’attirent plus les jeunes et l’on comprend bien pourquoi !

De plus, nous voyons les dégâts du remplacement des processus d’entrée en formation par concours par l’algorithme « Parcours Sup » : de nombreux jeunes entrent en formation sans avoir consolidés leur projet professionnel. Cela entraine une diminution du nombre de jeunes diplômés à la sortie de la formation puisque la sélection se fait au cours des études, lorsque les étudiants sont confrontés à la réalité du terrain !

Tous ces éléments ont bien évidemment un impact très négatif sur la qualité des soins et des accompagnements prodigués à la population de notre territoire en matière de santé mentale. Cette médiocrité de la prise en charge vient percuter l’engagement que nous mettons dans notre travail et le sens que nous lui donnons. Le sentiment de mal faire notre travail, et sans pouvoir rien y changer à notre échelle puisque cela est dû à un manque de moyens et non pas de compétences, ce sentiment engendre une énorme souffrance psychique chez les salariés !

Nous avons bien entendu remonté ces alertes de nombreuses fois à la direction, et aussi au Conseil d’administration de la Fondation Bon Sauveur. Nous savons bien que ceux-ci sont limités dans leur marge de manœuvre car eux aussi sont prisonniers du manque de moyens. C’est sans doute cette impuissance qui a motivé une réponse que nous avons trop souvent entendu : « la situation est certes compliquées à la Fondation, mais vous savez, c’est pire ailleurs… ». Alors disons-le tout net : OUI la situation est parfois plus dégradée ailleurs,… mais cela ne change rien au fait que chez nous elle est déjà catastrophique. Et c’est bien parce que nous voyons ce que donnent la continuation des politiques à l’œuvre dans les établissements voisins que nous nous mobilisons massivement pour dire STOP !

Aujourd’hui, par notre présence au conseil de surveillance, nous souhaitons donc particulièrement nous adresser aux élu.e.s du territoire. Députés, conseillers départementaux et conseillers communautaires des communautés de communes : il est de votre responsabilité de faire en sorte que cela change. Depuis trop longtemps les politiques menées partent du principe que la psychiatrie et le médico-social coûtent de l’argent : et il faudrait donc faire des économies : remplacement des lits d’hospitalisations par une prise en charge ambulatoire car cela coute moins cher , augmentation du contrôle bureaucratique et managérial car l’on part du principe que l’argent est dilapidé et qu’il faut contrôler de plus en plus étroitement les actes de tous les professionnels, mise en concurrence programmée des professionnels avec le projet patronal de future convention collective qui introduirait le salaire au mérite…

Pourtant, nous le disons haut et fort : nous ne sommes pas une dépense pour la collectivité, nous créons de la richesse ! Nous créons de de la richesse collective quand nous améliorons la santé mentale de nos concitoyens, nous créons de la richesse collective quand nous soulageons les familles qui assurent parfois seules et dans une précarité extrême l’accompagnement de leurs proches atteints de troubles psychiques ! Nous créons de la richesse quand nous permettons aux patients et aux usagers de retrouver leur juste place dans la cité ! Nous créons de la richesse quand, payés de manière décente nous pouvons utiliser notre salaire pour faire fonctionner l’économie locale.

Il faut donc un changement radical de politique publique concernant la santé et le social en général et la psychiatrie en particulier !

Il faut augmenter nos salaires et les indexer sur l’inflation, il faut redonner aux établissements les moyens d’ouvrir des nouvelles structures en fonction des besoins que nous avons repérés sur le territoire et non pas en fonction des injonctions venues de l’ARS.
L’argument du manque de moyens financiers n’est plus acceptable à l’heure ou le CAC 40 continue de distribuer des dividendes record !

Afin de bien vous faire comprendre l’urgence de la situation nous avons décidé d’accompagner notre discours d’un geste fort. C’est pourquoi nous vous remettons aujourd’hui la démission collective symbolique de + de 200 membres du personnel.
Par ce geste symbolique fort nous affirmons que nous, professionnels du soin et du médico-social, nous ne voulons plus cautionner ce système en continuant de le faire fonctionner malgré tout au détriment de notre santé et de celle des usagers !