mardi 10 janvier 2023

retraite

 

Faire battre en retraite Borne, Macron et le Medef !

C’est donc mardi que Borne doit mettre les dernières paroles sur la ritournelle gouvernementale et patronale qu’on connaît déjà par cœur depuis des mois concernant l’avenir de nos retraites. Le suspense est quand même de plus en plus éventé. L’âge légal de la retraite sera-t-il repoussé « seulement » à 64 ans, car « 65 ans n’est pas un totem » ? Y aura-t-il aussi une généralisation de l’allongement de la durée de la cotisation à 43 ans bien avant 2035 (déjà prévus par la loi Touraine pour les générations nées après 1973) ? Le gouvernement aura-t-il recours au 49.3 ?

Tant de questions pour une seule réponse : c’est NON !

Non, les caisses de retraite ne sont pas déficitaires. Elles étaient excédentaires de 2,6 milliards d’euros en 2021 et de 3,7 milliards d’euros en 2022. Non, rien n’assure qu’elles le seront en 2032, car nos luttes collectives pourraient faire inverser la tendance de la politique de l’État qui réalise tellement d’économies sur l’ensemble des salaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers qu’il creuse le déficit des caisses. Et non, même un déficit annoncé pour 2032 de 17 milliards, ne serait pas « abyssal » car il ne représenterait que 5 % d’un budget global de 330 milliards pour les caisses de retraite. En augmentant de 5 % les salaires, ce serait automatiquement comblé !

Pourquoi tant de mensonges et d’acharnement depuis des décennies ?

Augmenter l’âge légal du départ à la retraite, c’est accroître le « chômage des seniors », qui auront de moins en moins de droits, seront pauvres et toucheront une retraite amoindrie, si les difficultés de leur vie ne les ont pas tués avant. Augmenter le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite à taux plein, c’est baisser la pension de ceux qui partent quand même à l’âge légal. Cela vise à diminuer les dépenses des caisses de retraite, tout en permettant aux fonds de pension privés de drainer l’épargne de ceux qui ont des salaires suffisants pour mettre de côté. C’est une façon de diminuer la part de la classe ouvrière dans le revenu national, augmentant mécaniquement d’autant celle de la bourgeoisie. Alors quand c’est Ciotti, le chef de LR, qui annonce vouloir contribuer à « atténuer la brutalité de la réforme », il y a de quoi s’inquiéter !

L’inquiétude peut changer de camp !

La « réforme » devait être annoncée mi-décembre, déjà bien plus tard que prévu : les grèves dans les raffineries en septembre ont perturbé le calendrier gouvernemental. Puis nouveau report à ce mardi, pour une présentation du projet de loi au conseil des ministres le 23 janvier, afin que Borne puisse avoir le soutien de la droite et éviter le 49.3… peut-être ! Autant de reports sont surtout symptomatiques de la fébrilité du gouvernement qui sait que non seulement son projet de loi est très impopulaire, mais qu’il n’est soutenu à l’heure actuelle par aucune organisation syndicale… et que le mécontentement social contre la vie chère et les salaires de misère est déjà tellement grand que tout pourrait s’embraser. D’après un sondage Ifop daté du 4 janvier, 52 % des personnes interrogées souhaitent que la France connaisse dans les prochains mois une explosion sociale ! Alors soufflons sur la braise partout, sur nos lieux de travail et d’études, discutons de la nécessité d’un mouvement d’ensemble, d’un plan de bataille pour gagner, sans qu’aucune de nos forces ne soit dispersée par les logiques boutiquières des directions syndicales. Participons à toutes les initiatives de mobilisation qui auront lieu, notamment la manifestation du 21 janvier à Paris appelée par les organisations de jeunesse. Regroupons-nous en assemblées générales, rejoignons celles et ceux qui sont en grève pour de meilleurs salaires ou des embauches. Salaires, retraites, conditions de travail, il faut que ça pète, ça ne peut plus durer !

Éditorial du NPA du 9 janvier 2023