jeudi 16 mai 2024

kanaky

 

Contre la répression, contre la colonisation : solidarité avec les jeunes Kanaks ! 


[Communiqué]

Depuis lundi, des manifestations massives et des émeutes de jeunes, essentiellement Kanak, ont éclaté à Nouméa contre le projet de « dégel du corps électoral », finalement voté à Paris hier soir. La population kanak de Nouvelle-Calédonie s’oppose à cette nouvelle loi du gouvernement visant à modifier le corps électoral du territoire en offrant le droit de vote aux métropolitains habitant depuis seulement dix ans sur le territoire. En favorisant politiquement cette population au détriment du peuple kanak, cette loi, adoptée à 351 voix contre 153, renforce la politique coloniale de l’État français dans cet archipel colonisé depuis 1853, et dont le code de l’indigénat n’a été abrogé qu’en 1946. Considéré aujourd’hui comme un « territoire d’outre-mer », cet archipel est traité comme un territoire de seconde zone par l’État français, où tout manque… pour les pauvres et en premier lieu les classes populaires kanak ! Le chômage avoisine les 25 % dans la population kanak et tombe à 7 % chez les non-Kanak. Beaucoup de jeunes Kanak quittent précocement le système scolaire sans trouver d’emploi à la sortie et subissent les discriminations au quotidien.

La jeunesse kanak, mais aussi une partie de celle immigrée originaire d’autres pays de la région, se révolte contre cette nouvelle loi coloniale, mais plus profondément contre 170 ans de colonisation et de racisme et contre l’aggravation des conditions de vie et de travail pour les classes populaires de l’archipel.

La réponse du gouvernement français a été immédiate : mise en place de l’état d’urgence et d’un couvre-feu, interdiction de manifester, interdiction de se rassembler, interdiction du réseau social TikTok, interpellations de masse… Les émeutiers ont été réprimés violemment avec l’usage massif de LBD et de grenades d’encerclement. Trois jeunes sont déjà morts. Le gouvernement a même déployé l’armée hier tout en laissant se former des milices dites « loyalistes », autrement dit des milices coloniales, qui ont tiré par armes à feu sur des jeunes Kanak. Face à des jeunes parfois de 15 ans ou moins qui expriment leur révolte devant leur situation intenable – en pillant parfois pour prendre des produits de première nécessité – le gouvernement ne connait que l’arme de la répression, comme durant les émeutes qui ont eu lieu après le meurtre de Nahel, tué par la police. Les « appels au dialogue » lancés en parallèle par le gouvernement sonnent bien creux au vu de l’ampleur de cette répression.

Comment ne pas faire le lien avec ce qui se passe en Palestine ? Encore une fois, les États colonialistes et impérialistes oppriment des peuples pendant des décennies pour tirer toujours plus de profit de l’exploitation de leur territoire et pour maintenir leur contrôle politique et militaire sur l’ensemble du monde. Si le gouvernement français soutient le gouvernement israélien dans ses politiques coloniales de nettoyage ethnique, c’est aussi parce qu’il a des pratiques similaires pour ses propres intérêts dans le reste du monde. Pour la France et son armée, la Kanaky-Nouvelle-Calédonie est un territoire stratégique dans la région de l’Indo-Pacifique. Et l’île comprend de nombreuses mines de nickel, métal qui se retrouve dans les batteries électriques et dont la bourgeoisie française entreprend activement l’exploitation depuis des décennies. Pour assurer sa mainmise sur l’archipel, le gouvernement français développe depuis 170 ans une politique coloniale de peuplement en Kanaky-Nouvelle-Calédonie dont cette modification du corps électoral est le dernier avatar.

Contrairement à nombre de responsables politiques français, à gauche comme à droite, qui appellent au calme, nous sommes solidaires de cette jeunesse qui se révolte ! Le peuple kanak, comme le peuple palestinien, se bat légitimement pour son droit à l’auto-détermination. Au-delà de la lutte contre cette nouvelle loi coloniale, c’est toute la société impérialiste qui relègue les Kanak au bas de l’échelle sociale et les discrimine qu’il faudra renverser : une lutte qui pourra trouver l’oreille des nombreux opprimés et exploités de la région !

Communiqué du NPA et du NPA Jeunes Révolutionnaires, 16 mai 2024