lundi 19 février 2024

edito

 

La grève pour de meilleurs salaires à l’ordre du jour pour nous tous !

Les contrôleurs SNCF en grève à 70 % durant trois jours au beau milieu des vacances d’hiver de la zone C, comprenant notamment la région parisienne, et voilà un emballement médiatique comme on en a déjà connu par le passé : haro sur les cheminots, « ces privilégiés », ces « preneurs d’usagers en otages » et sus au droit de grève dans les transports… que la droite voudrait interdire 60 jours par an, rien que ça !

Les trains ne roulent pas tout seuls

Il est peu probable que les 90 % de la population qui ne partent jamais aux sports d’hiver se soient sentis « pris en otage » par des cheminots qui avaient prévenu depuis plusieurs mois qu’ils exerceraient leur droit de grève entre le 16 et le 19 février s’ils n’obtenaient pas satisfaction sur des revendications salariales et de conditions de travail qu’ils portent depuis plusieurs années. La direction de la SNCF les a méprisés, tout comme le gouvernement et les patrons méprisent toutes celles et ceux qui ne peuvent plus vivre dignement de leur salaire en ces temps d’inflation. La rémunération des contrôleurs est constituée de 40 % de primes qu’ils perdent dès qu’ils sont malades et qui ne comptent pas toutes pour la retraite. Déjà, en décembre 2022, ils avaient mené une grève massive, à la suite de laquelle la direction de la SNCF avait lâché quelques miettes, mais sur la question principale, celle leur rémunération de base, rien. Alors voilà pourquoi ils et elles ont fait grève massivement de nouveau, et c’est bien normal !

« Travailler est un devoir » (Attal dixit) : LOL

Eh oui, la grève ça se voit, ça a même des effets… sur « l’économie » s’étranglent tous ces députés et sénateurs qui veulent inventer un calendrier annuel des jours sans grève. Le gouvernement ne serait pas contre, le Rassemblement national non plus. Mais c’est plus facile à dire qu’à mettre en œuvre, car tout ce petit monde tout dévoué aux intérêts des riches et des patrons le sait bien : la force des travailleurs et des travailleuses, c’est la grève justement ! D’ailleurs ces dernières semaines, la multiplication des grèves pour de meilleurs salaires est là pour leur rappeler. À la RATP (aux ateliers de maintenance), à la Poste (notamment dans les centres de tri), mais aussi dans de nombreuses entreprises du privé (chez Revima, Ubisoft, Proxiserve, Alstom et beaucoup d’autres) les salariés exigent des augmentations de salaire qui leur permettent de faire autre chose que survivre.

Notre vrai devoir : aller chercher 400 euros de plus pour toutes et tous !

Cette tendance générale à la baisse des salaires est d’autant plus choquante quand on la compare à l’explosion des profits à laquelle on assiste depuis trois ans. La Bourse vient de pulvériser son record historique ; 42 milliardaires français ont empoché 230 milliards supplémentaires de dividendes depuis 2020, soit l’équivalent du total des dépenses de santé en 2022 ; Total, CMA-CGM, PSA-Stellantis, Vinci, Lactalis… toutes les grandes entreprises voient exploser leurs profits, obtenus par le gel des salaires, des années de politique d’allègement de cotisations sociales, de réformes et de plans d’austérité, mais aussi de dégradation des services publics, d’attaques contre le financement des retraites et du chômage… De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat, et plus que jamais même !

Et c’est toutes et tous ensemble qu’on devra défier nos patrons et le gouvernement, comme ont osé le faire pendant un week-end quelques centaines de cheminots. Aucun appel au niveau national des directions syndicales ne nous y invite mais cela ne doit pas nous paralyser. Bien au contraire, c’est par nos grèves, et en les généralisant dans une lutte offensive d’ensemble pour l’augmentation générale des salaires, qu’on pourra récupérer tout ce qu’on nous a volé depuis des années !

Éditorial du NPA du 19 février