samedi 23 septembre 2023

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Grève des travailleurs de l’automobile de l’UAW. C’est la guerre des classes !

(Éditorial de l’organisation révolutionnaire Speak Out Now du 18 septembre 2023)

Aux premières heures du vendredi 15 septembre, les responsables syndicaux de l’United Auto Workers (UAW) ont appelé les 12 700 travailleurs de trois usines d’assemblage à les fermer. Cela faisait partie de la stratégie de l’UAW pour faire face à l’expiration des contrats des « trois grands » de l’automobile – Ford, General Motors (GM) et Stellantis, avec qui Chrysler a fusionné. Au lieu de s’attaquer à l’un des trois grands, les responsables syndicaux nouvellement élus ont décidé de s’attaquer aux trois.

Dans les jours qui ont précédé l’expiration du contrat automobile de l’UAW, le président nouvellement élu de l’UAW, Shawn Fain, a tenu des propos que peu de responsables syndicaux ont utilisés au cours des dernières décennies : « Certains médias prétendent que notre syndicat est engagé dans une lutte des classes… La vérité, c’est que la classe ouvrière de ce pays est attaquée dans une guerre de classe unilatérale depuis des décennies. Désormais, les riches ne seront plus les seuls à se battre. Elle sera bilatérale, avec la possibilité d’une mobilisation de 150 000 travailleurs de l’automobile dans environ 70 usines. »

L’une des principales revendications de la grève est l’élimination des rémunération et avantages par paliers, système qui varie d’une entreprise à l’autre. Les nouveaux embauchés et les intérimaires commencent à moins de 17 dollars de l’heure et atteignent leur maximum après quatre ans à moins de 20 dollars de l’heure. Les travailleurs à temps plein, qui effectuent souvent le même travail, sont payés environ 32 dollars de l’heure. Les intérimaires n’ont pas la garantie d’une semaine de travail complète et peuvent être contraints de faire de longues heures supplémentaires, tout comme les autres travailleurs. Avec une inflation de 20 % sur la durée de leur contrat, de nombreux travailleurs de l’automobile vivent à la limite.

Parmi les autres revendications figurent des augmentations de salaire pour tous et un ajustement au coût de la vie (COLA), ainsi que la sécurité de l’emploi dans le cadre du passage à la production de véhicules électriques (EV), qui nécessite moins d’ouvriers d’assemblage.

Le travail des ouvriers dans ces conditions a rapporté aux trois grands quelque 250 milliards de dollars de bénéfices en Amérique du Nord au cours de la dernière décennie, et 21 milliards de dollars au cours des six premiers mois de cette année. Les salaires de leurs PDG ont augmenté de 40 % pour atteindre une moyenne de 25 millions de dollars par an au cours des quatre dernières années. Pendant ce temps, les salaires des travailleurs n’ont augmenté que de 6 %.

Les constructeurs automobiles se servent de la transition vers les véhicules électriques comme d’une menace qu’ils font peser sur les travailleurs. Nous avons vu cela au milieu des années 1970 et 1980, lorsque les anciens responsables syndicaux ont imposé des concessions en matière de salaires et d’avantages sociaux en utilisant l’idée d’un « partenariat » entre les travailleurs et les entreprises, pour, paraît-il, sauver les entreprises confrontées à la concurrence des constructeurs japonais. Pendant la crise économique de 2008 et plus tard, les administrations Bush et Obama ont donné aux constructeurs automobiles près de 90 milliards de dollars provenant de nos impôts et ont exigé encore plus de concessions.

Les responsables syndicaux actuels, et certainement les travailleurs, ont déclaré qu’il était temps de tirer un trait sur la situation. À l’instar d’UPS, les responsables syndicaux ont organisé des « piquets de grève » dans les usines afin de mobiliser les travailleurs et de diffuser des informations sur les négociations. De nombreux travailleurs sont prêts à manifester leur volonté de faire grève. Certains d’entre eux se demandent d’ailleurs pourquoi mener une grève limitée à trois usines, alors qu’ils auraient pu fermer l’ensemble du secteur. Les responsables syndicaux affirment que leur stratégie consiste à appeler davantage de travailleurs à des grèves surprises, si nécessaire. Nous verrons bien.

Fain a raison, il s’agit d’une guerre de classe que, jusqu’à maintenant, nous avons perdu. Mais nous avons les forces nécessaires pour gagner. Aujourd’hui, ce sont 150 000 travailleurs de l’automobile. Le mois dernier, il s’agissait de 340 000 travailleurs d’UPS et, l’automne dernier, de 125 000 travailleurs du rail qui ont menacé de faire grève. Ces dernières années, les travailleurs du secteur de la santé, les enseignants et d’autres acteurs de nombreux autres secteurs de l’économie ont également mobilisé leurs forces contre des attaques similaires.

De plus en plus de travailleurs se rendent compte que nous sommes confrontés à un ennemi commun qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour continuer à engranger des profits. Nous y sommes confrontés tous les jours sur notre lieu de travail. Nous pouvons nous organiser dès maintenant pour commencer à résoudre les problèmes quotidiens et nous préparer à des combats plus importants.

Nous ne pouvons pas prédire l’issue de la grève de l’automobile. Quelle que soit l’ampleur de la grève et les gains obtenus, ils seront plus importants que s’ils ne s’étaient pas battus. Leur combat est notre combat !

 

 


 

 

Dossier sur la grève des travailleurs de l’automobile de l’UAW