jeudi 27 juin 2019

ZAD

OUEST FRANCE

ENTRETIEN. Il expose ses photos sur Notre-Dame-des-Landes, à Guingamp

Bruno Serralongue, face aux clichés pris pendant ses séjours avec les militants naturalistes.
Bruno Serralongue, face aux clichés pris pendant ses séjours avec les militants naturalistes. | OUEST-FRANCE
Après quatre années passées à travailler sur l’histoire de Notre-Dame-des-Landes, le photographe Bruno Serralongue, connu pour ses clichés de grands événements nationaux et internationaux, installe son exposition En bas et à gauche, à l’ancienne prison de Guingamp (Côtes-d’Armor).
Bruno Serralongue est artiste photographe à l’origine de l’exposition En bas, à gauche, organisée par le Centre d’art GwinZegal, à l’ancienne prison de Guingamp (Côtes-d’Armor). Il explique son travail de longue haleine.

Comment qualifiez-vous votre travail en tant que photographe ?

Depuis que j’ai commencé en 1995, mes œuvres ont toujours eu un enjeu politique et social assez fort, qu’il soit national ou international. Je m’intéresse beaucoup aux sujets dont la presse parle et j’essaye, par la photographie, d’en rendre compte différemment. Je revendique que mes clichés sont des œuvres d’art avec un enjeu documentaire évident. Pour reprendre les mots du photographe Walker Evans, « il y a une volonté d’art, mais avec une conscience aiguë du monde ».

Pourquoi avoir choisi de travailler sur Notre-Dame-des-Landes ?

À cette période, je croyais à ce qu’il s’y passait, et j’avais envie de donner une image très éloignée des représentations médiatiques qui étaient surtout axées sur les moments de violence entre zadistes et les forces de l’ordre. De plus, la Zad est un lieu participatif et je considérais que faire des photos participait au combat mené par ces militants. C’est également pour cela que je me suis refusé à prendre en photo les différents conflits qui ont eu lieu sur la Zad.

Comment avez-vous travaillé pour réaliser cette exposition ?

Je m’y suis rendu à plusieurs reprises entre 2014 et 2018, à chaque fois sur des séjours de deux ou trois jours, soit pour y faire des photographies, soit parce que je participais à leurs travaux sur la Zad, comme la récolte des pommes de terre. Et entre deux moments, je prenais une ou deux photos qui s’imposaient de par la situation, les mouvements et l’image à laquelle j’assistais.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre travail sur Notre-Dame-des-Landes ?

Ce sont les journées passées durant deux ans avec les naturalistes. Je ne m’attendais pas à la présence si forte de cette opposition qui s’est manifestée par la tenue d’un inventaire systématique de la faune et de la flore de la Zad, permettant la découverte d’espèces alors inconnues. J’ai été saisi par leurs motivations qui n’étaient pas vraiment celles des zadistes. Leur seul but était de défendre la biodiversité présente sur cet espace. Observer et capter leur travail m’a entraîné à changer mon mode de fonctionnement et même d’appareil afin de me focaliser sur le détail, le petit.

Qu’espérez-vous de cette exposition ?

Je pense que tous les artistes photographes participent d’une certaine manière à l’écriture de l’Histoire. J’espère que dans 50 ans, elles seront remontrées au public et qu’elles raconteront d’une autre manière l’épisode de Notre-Dame-des-Landes.

Exposition : En bas, à gauche, organisée par le Centre d’art GwinZegal, à l’ancienne prison, 4, rue Auguste-Pavie, à Guingamp. Gratuit. Contact : par tél. 02 96 44 27 78.