samedi 11 novembre 2017


                                       QUE FAIRE?
                                     Titre d'un ouvrage célèbre d'un dénommé Lénine....
Nous vous proposons la lecture du texte ci après qui émane d'un militant d'ALTERNATIVE LIBERTAIRE, il plante le décor de la situation que nous vivons et il est en parfaite résonance avec ce qu' éprouve la base syndicale et  les militants politiques engagés au service de leur classe.




           Sur la nouvelle journée de grève                  interprofessionnelle du 16 novembre

Le 16 novembre sera une nouvelle journée de grève interprofessionnelle. Pour nombre d’entre nous ce sera la cinquième journée depuis septembre. Alors oui, il faut à nouveau faire grève,
 parce que c’est là que doit se situer le rapport de force... mais il ne s’agit pas d’évacuer les difficultés à mobiliser et les questions qui se posent au syndicalisme.
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  • Que l’on soit à la CGT, à Solidaires, ou même partisan.es de collectifs du Front social…
     nous sommes nombreuses et nombreux à nous interroger : que se passe-t-il, pourquoi ça ne prend pas,
    pourquoi la grève, franche et massive, ne s’impose-t-elle pas dans le paysage social de ce début de
    quinquennat macronisé ? Le sentiment d’être le dos au mur ou de s’y cogner à répétition n’est agréable
     pour personne, il amène son lot d’aigreur et de coup de sang. Pourtant, c’est bel et bien maintenant
    qu’il faut garder la tête froide et réfléchir à nos stratégies de mobilisation. Sans évacuer les carences,
    les difficultés, mais en se donnant tout de même des perspectives pour les mois à venir.
    On peut rejeter la faute à la forme de la contestation depuis le 12 septembre, les journées de grève de
    24 heures « saute-mouton », et à leurs organisatrices, les « directions syndicales » : ce serait croire que
     toutes les causes de nos difficultés viendraient « d’en haut ». Pourtant, dans nos organisations
    syndicales le fédéralisme n’est pas à ce point défaillant et c’est bien là que se construisent,
    démocratiquement, les orientations et les stratégies. Jean-Claude Mailly en a récemment fait les frais.
    On peut aussi étriller le corporatisme, par exemple des syndicats de fonctionnaires qui, avec la journée
    de grève du 10 octobre, seraient venus percuter la mobilisation interprofessionnelle : mais l’enjeu
    n’était pas de dénoncer, mais de prendre appui sur cette mobilisation, corporative oui, pour y faire
    converger d’autres revendications. C’est ce qu’ont tenté plusieurs intersyndicales départementales,
     inscrivant de fait cette journée dans la suite des 12 et 21 septembre.
    La réalité – et il ne sert pas à grand-chose d’en fantasmer une autre – c’est que, même si ce n’est pas
    l’atonie la plus totale, on est encore loin de l’ébullition qui fait que le rythme d’une mobilisation
    n’appartient plus aux calendriers d’action mais vient se couler dans la vitalité des assemblées générales
    de grévistes. Vraiment loin.
    Discutons de tout
    On peut toutefois estimer que des initiatives fortes prises par une intersyndicale nationale un peu plus
    dynamique aideraient à donner confiance : certain.es collectifs syndicaux mettent ainsi en avant l’idée
    d’appeler à deux ou trois jours de grèves consécutifs. Pourquoi pas, il faut discuter de cette idée là et il
     n’y a pas de raison de ne pas la proposer à l’intérieur de nos organisations. Même si le niveau de
    mobilisation réellement existant laisse songeur sur une volonté plus forte de faire trois jours de grève
    d’affilée qu’un jour, difficilement, par mois. Et l’état des rapports intersyndicaux étant ce qu’il est, on
    peut douter obtenir un tel appel unitaire nationalement (et rapidement). D’autres, c’est le cas du Front
    social, proposent une marche sur l’Elysée le samedi 18 novembre : pour le coup la piste choisie nous
    emmène un peu loin du blocage de la production et des services, mais si cette idée rencontre la volonté
     de collectifs syndicaux et de salarié.es elle fera partie de ce mouvement social, tel qu’il est. La mise
    en place d’une caisse de grève nationale, comme tente de le faire le syndicat Info’com-CGT, pose des
    questions qu’il faut regarder sincèrement : si l’objectif est de généraliser la grève, qui va donner de
     l’argent à qui ? Ne court-on pas le risque de favoriser la grève par procuration ? Il s’agirait dans ce
    cas, plutôt que de faire grève, de subventionner la grève des secteurs « bloquants » (ou présenté
    comme plus que les autres en tout cas)… mais ce qu’ont dit les grévistes des raffineries en 2016 c’est
    qu’ils et elles avaient surtout besoin qu’il y ait de la grève le plus possible, partout. Pour autant, il ne
    faut pas nier que l’aide apportée à des milliers de salarié-es par ce biais ainsi que la grande
     transparence de l’opération sont éminemment appréciables.
    Toutes ces idées, ne nous feront pas sortir du dilemme dans lequel nous sommes : si on veut reconduire
    et amplifier une grève, encore faut-il qu’elle existe. Continuons, sans lâcher, de construire ces journées
    de grève de 24 heures, toute « saute-mouton » soient-elles (et la prochaine, malgré tout, est celle du 
    16 novembre), mais comme des journées de colère, de révolte sur les lieux de travail. Utilisons-les
     pour que la parole se libère au travail, que les salarié.es s’expriment. Utilisons-les pour organiser en
    régions des manifestations, des actions qui sortent de l’ordinaire de la manif de centre-ville et qui
    soient utiles pour le cadre de mobilisation que nous avons choisi : défilons, grévistes et sections
    syndicales CGT, SUD ou FO dans les zones d’activités commerciales et industrielles, invitons à
     débrayer, retrouvons le goût des blocages ponctuels, en ciblant là encore les intérêts économiques.
    Ça ne remplacera pas une grève reconduite dont on a pu voir l’efficacité pour les routiers par exemple.
     Mais, 1/ ça peut mettre du baume au cœur ; 2/ ça a le mérite de placer le curseur de la mobilisation là
    où il doit être, appuyé sur une réalité sociale. Et sur ce plan, il y a encore fort à faire.
    Même pas mort
    Car l’une des leçons des séquences lois travail 1 et 2, c’est que le patronat voudrait voir le syndicalisme
     mort et enterré. Six pieds sous terre si possible. Son but est d’effacer cette réalité sociale qu’est la lutte
    des classes, pour nous transformer en « entrepreneurs et entrepreneuses de nos propres vies », nous
    faire avaler la fable du « renard libre dans le poulailler libre ». Et nous n’avons pas fini de nous battre,
     car ce n’est qu’une séquence – longue, certes – d’une bataille plus large que nous livre le Thatcher
    hexagonal. Face à ça, certains, comme Laurent Berger de la CFDT, voient leur salut dans leur rôle de
    « partenaires sociaux »… auquel même le gouvernement ne semble pas trouver grand intérêt. Autant
    chercher un boucher végétarien dans un abattoir. Jean-Luc Mélenchon quant-à-lui, voudrait profiter
    des difficultés que traverse le syndicalisme pour « en finir avec la Charte d’Amiens ». La ficelle est un
     peu grosse et réactive des ambitions d’hégémonie politique sur le mouvement social… qui ont déjà
    suffisamment pesé, et lourdement, du temps du lien quasi-organique entre le PCF et la CGT par
     exemple. Et qui surtout s’appuie sur des illusions parlementaristes et institutionnelles dont ont peut
    bien se passer : ce n’est résolument pas notre terrain.
    Entre ces deux écueils, c’est bien au contraire toute la démarche de la Charte d’Amiens qu’il faut 
    retrouver. Faire du syndicalisme un acteur majeur du changement de société est sans doute le défi le
    plus urgent pour les années à venir, toute sa pertinence étant d’agir à partir du terrain même de la lutte
    des classes. Pour ça, il nous faut exprimer haut et fort des revendications qui puissent avoir une portée
    équivalente à celle des 8 heures pour la CGT de 1906 (celle de la Charte d’Amiens, tiens), qui combine
     à la fois amélioration immédiate – et vue comme telle par les salarié.es – et projet de société, ici
    libérant le temps de la rapacité patronale. Soutenir et faire connaître aussi les expériences 
    d’autogestion, comme celles des Scop-Ti ou de Vio.Me qui démontrent que les richesses sont bel et
    bien produites par celles et ceux qui travaillent.
    Et dans un mouvement parallèle il faut renforcer, continuer d’utiliser l’outil syndical, le diversifier et
    le rendre toujours plus vivant, l’adapter, pour mieux y faire face, aux conditions contemporaines
    d’exploitation et d’oppression. Remettre en débat en son sein les stratégies de mobilisation. Le rendre
    plus solidaire et interprofessionnel, plus attentif encore, plus acteur des résistances des travailleurs et
    travailleuses ubérisé.es, des combats pour la justice et la dignité dans les quartiers populaires, de ceux
     pour les droits des femmes… Les effets combinés d’un tel renforcement, tout à la fois des
    organisations que des perspectives de transformation sociale, permettraient d’affirmer d’autant plus le
    rôle de contre-pouvoir que le syndicalisme se doit de remplir.
    https://blogs.mediapart.fr/theo-roumier/blog/061117/sur-la-nouvelle-journee-de-greve-
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