jeudi 7 juillet 2016

49;3

Ils passent en force. Contre la loi travail, le combat continue !


Une journée de grève et de manifestation le 5 juillet... Le fait est tellement inhabituel qu’il suffit de l’énoncer pour mesurer la singularité de la mobilisation contre la loi travail. Début juillet est pourtant une date tout indiquée pour faire passer en douce les mauvais coups... Normalement ! Mais voilà, le mouvement contre la loi El Khomri est venu perturber le cours « normal » des choses. Intempéries ou pas, Euro de foot ou pas, approche des congés d’été ou pas, la mobilisation se maintient et pourrait rebondir à la rentrée.
Depuis le début, ce gouvernement ne connaît que la manière forte, à l’Assemblée nationale avec le 49-3, dans la rue avec les violences policières et dans les tribunaux avec des condamnations exceptionnellement lourdes.
Le rapport « Maintien de l’ordre : la dangereuse dérive » réalisé par les journalistes de Reporterre 1fait un point, non exhaustif, sur les violences policières : blessures, mutilations, tirs dans le dos, disproportion des moyens, usage des flash-ball et grenades de désencerclement, humiliations, insultes et menaces... On doit y ajouter les interdictions de manifestations, les fouilles répétées et systématiques des manifestantEs, les « nassages », l’encerclement de la Bourse du travail... L’ensemble dresse un tableau de pratiques répressives inédites au cours des cinquante dernières années.

Une démocratie vidée de tout sens
Sur le terrain parlementaire, le gouvernement dégaine de nouveau le 49-3. Cette loi est inacceptable, ni négociable ni amendable, il faut la mettre en échec. La seule réponse à ce coup de force doit être de censurer Valls et son gouvernement. C’est lui et lui seul qui lie son sort à la loi travail, et les tergiversations des dits « frondeurs » sont inexplicables, si ce n’est par le refus de rompre réellement avec cette politique et ceux qui l’imposent.
La loi travail est indissociable de l’État d’exception, de l’État policier, pas seulement parce que le gouvernement a utilisé avec un opportunisme cynique le climat créé par les attentats, pas seulement parce qu’il a usé et abusé des provocations et violences policières pour délégitimer et criminaliser la résistance, mais fondamentalement parce que le monde de la loi travail est un monde sans droits dans et hors des entreprises, un monde où la démocratie est vidée de tout sens.
Le gouvernement pensait pouvoir tout se permettre. Il pensait qu’il lui suffirait d’agiter la menace de la droite et de l’extrême droite pour donner à son projet un certificat de « moindre mal ». Il pensait que l’absence d’expression politique d’une opposition à gauche, l’absence d’une voix des exploitéEs et des oppriméEs audible, lui laissait la voie libre. Manifestement il se trompe. Il parviendra peut-être à museler ses opposants institutionnels, mais il ne supprimera pas la colère et le rejet. Dans tous les cas, il paie d’ores et déjà sa politique d’une illégitimité sans cesse croissante et d’une crise politique sans précédent. La cote de popularité de Hollande et Valls continue de chuter (respectivement 88 % et 80 % d’opinions défavorables dans un sondage publié le 30 juin). Quant à l’utilisation du 49-3, elle est désavouée par 73 % de l’opinion dans un autre sondage.

Ni amers ni découragés, on lâche pas l’affaire
De notre côté, force est de constater qu’il n’y a pas eu de grève générale capable de bloquer l’économie, d’imposer par un rapport de forces direct le retrait de la loi et le départ du gouvernement Valls. Mais bien que nous n’ayons pas eu pour le moment la force de stopper le gouvernement, ce n’est pas le découragement qui l’emporte. Les salariéEs qui, comme ceux des raffineries, sont entrés en grève reconductible pour renforcer et encourager les autres secteurs à engager l’épreuve de force pour le retrait de la loi travail, ne sont ni amers ni découragés, mais plutôt fiers d’avoir essayé. Depuis plus de quatre mois, des dizaines de militantEs de différents secteurs, statuts, histoires... se  mobilisent de manière déterminée, agissent, bloquent... bref ne lâchent pas l’affaire.
Beaucoup se retrouveront cet été à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure. Et comme en témoignent les manifestations qui accueillent chaque déplacement d’un membre du gouvernement, les ministres ne passeront pas l’été tranquilles... Même pas la rentrée ! Le PS annule son université d’été prévue fin août à Nantes pour, selon le premier secrétaire du Parti socialiste, « trouver une autre date pour permettre de faire les choses avec plus de sérénité ». Il risque d’attendre longtemps !

Christine Poupin, porte parole du NPA

Note du comité de Bear Gwengamp: 
pour notre secteur la participation à la fête du collectif DOUAR DIDOULL en août sera une occasion de continuer la lutte contre les projets inutiles et couteux. 

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