samedi 11 août 2018

COM DEF AOUT


Sur le site de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.

 

 

Guingamp : remous autour du sursis de deux ans accordé à la maternité.


Le comité défense santé du pays de Guingamp répond:

Sacrifier la maternité de Guingamp pour sauver le GHT7 ?
Réponse à la tribune de deux médecins briochins .
 
Autrefois, on proposait de sacrifier la mère pour sauver l’enfant, aujourd’hui on propose de sacrifier la maternité pour sauver le GHT… 
Dans un courrier publié par _Libération le 25 juillet 2018, 2 médecins du centre hospitalier de Saint-Brieuc plaident pour la fermeture de la maternité de Guingamp… afin de sauver l’offre de soins sur l’ensemble du territoire ! Tout cela en prônant les
principes d’égalité et de qualité des soins…
Il nous a semblé nécessaire de répondre à ces affirmations pour le moins surprenantes.
Comment parler sérieusement d’égalité et de qualité des soins lorsque le choix des praticiens et du lieu d’accouchement se réduit comme peau de chagrin à mesure qu’augmentent les distances ?
Les docteurs Moquet et Garignon basent leur argumentation sur la légitimité de la CSOS (Commission Spécialisée de l’Organisation des Soins ). Plusieurs questions se posent néanmoins quant à la composition de la commission (titulaires, suppléants, membres non désignés pour certains collèges…), quant aux membres présents le jour où elle s’est prononcée et leurs éventuels conflits d’intérêts, et surtout quant à la présentation qui leur a été faite de l’activité de la maternité… Selon nos informations, au vu du dossier une suspension de séance a été demandée, ainsi qu’une confrontation… toutes deux refusées. Présentation à charge impossibilité de porter le contradiction, dans ces conditions on comprend aisément pourquoi les organisations syndicales ont hésité et opté pour l’abstention… alors que par la suite elles n’ont pas failli dans leur soutien à la maternité !
S’il existe un grave problème de recrutement en anesthésie, il concerne l’ensemble des Côtes d’Armor. Il manque à ce jour : 5,5
anesthésistes sur le CH de Saint-Brieuc, 1,1 au CH de Guingamp, et 1,6 au CH de Lannion…  tous remplacés par de l’intérim médical.
Comment comprendre un discours qui privilégie les uns aux dépens des autres en osant parler d’égalité ?
Les maternités de Lannion et Saint-Brieuc ont déjà fait toutes deux des efforts en réduisant lits et effectifs pour répondre aux exigences budgétaires de l’autorité de tutelle.
Concernant la sécurité, puisqu’il s’agit de l’argument avancé pour la fermeture, nous nous permettons de livrer ici quelques
éléments de réflexion.
Une étude validée par la cour des comptes et menée parallèlement par Evelyne Combier en Bourgogne et par Ravelli aux Pays-Bas est arrivée à la conclusion qu’un temps de transport supérieur à 20 minutes augmente le risque de mortinatalité et d’accidents de la naissance.
Sur notre territoire, nous avons constaté à plusieurs reprises le dépassement de ce délai (Bourbriac – Saint-Brieuc en 45 min, Kerien – Saint-Brieuc en 54 min ! Nous avons procédé à ces mesures en toute transparence avec le concours d’élus et de citoyens engagés… et malgré le manque de collaboration de la direction du GHT (et de Saint-Brieuc.. c’est la même) dans ces mesures : instruction avait été donnée aux employés de l’accueil de refuser de tamponner le document officiel.
Si à court terme on peut attendre de la restructuration les fameuses économies d’échelle qui orientent la réduction de la dépense publique, c’est à moyen terme et à coup ( mais aussi coût ?) sûr que se mesureront les effets délétères de ces mesures. La restructuration allongerait les temps de trajet vers des maternités d’autant plus éloignées de notre territoire que la vitesse sur les routes secondaires est aujourd’hui limitée à 80 km/h. Ce risque imposé à la population et ses conséquences en termes de prise en charge des incidents et accidents aura aussi un coût qui doit être pris en compte dans toutes les projections. La restructuration aurait un coût humain certain, mais elle aurait aussi un coût financier qui devrait inquiéter les autorités de tutelle.
La dégradation globale de la périnatalité a été dénoncée à plusieurs reprises par le président du Syndicat National desGynécologues Obstétriciens (SYNGOF) suite à des fermetures de maternités de proximité (telles que Figeac, ayant entraîné un drame humain).
Une scission se fait entre territoires ruraux et urbains, entre pauvres et riches. La concentration des moyens humains autour des métropoles et la constitution d’usines à bébés ne fonctionnent pas. Tout cela se traduit par une prise en charge moins bonne pour les femmes (références : cour des comptes 2012 ; étude HEC demandé par Mme Schiappa).

Dans ce débat, la sécurité n’est que l’argument cachant une logique comptable, de rentabilité à court terme. En se cachantderrière cet argument sécuritaire, on met en danger la santé de tous, on déshumanise le soin et on met à mal l’égalité de traitement des citoyens sur l’ensemble du territoire.

Communiqué août 2018