mercredi 17 février 2016

             LA CRISE AGRICOLE EN  BRETAGNE...VUE PAR DES PAYSAN(ne)S

                                             DU PAYS DE GUINGAMP

L'Apli 22. « D'abord nettoyer dans notre cour »


Audrey Le Bivic de Plouaret, Francis Prigent de Trégonneau et Gilles Guillou de Grâces font tous les trois partie de l'Association des producteurs de lait indépendants des Côtes-d'Armor.



Face à la crise du monde agricole, l'association des producteurs de lait indépendants des Côtes-d'Armor (Apli 22) veut faire entendre sa voix. Aujourd'hui, elle soumet deux propositions : une régulation par les industriels et une législation pour réglementer les coopératives. « Parce que ce n'est pas en faisant du feu sur les ronds-points qu'on va y arriver... Et parce qu'aujourd'hui on pense que la situation est tellement grave que l'on peut avoir un écho... » Voilà pourquoi Audrey Le Bivic, Francis Prigent et Gilles Guillou de l'Apli 22 ont souhaité s'exprimer sur la crise agricole.

« J'accuse la FNSEA... »


« Tout ce que l'on avait annoncé en 2009, vu le changement de cap dans les productions avec un libéralisme à outrance, est arrivé pleine balle. Aujourd'hui, on se rend compte que nos instances dirigeantes - je nomme Xavier Beulin et Christiane Lambert - qui ont ri de nos actions à l'époque, nous ont conduits dans le mur et moi, je les désigne comme responsables. J'accuse la FNSEA d'être le fossoyeur de l'agriculture aujourd'hui », dénonce Gilles Guillou. « La fin des quotas pour nous, c'était aller droit au casse-pipe. Sans régulation, ça ne peut pas fonctionner », ajoute Francis Prigent. « Il y a 30 % des éleveurs qui ne vont pas tenir. On est dans une impasse la plus totale. » Pour les trois membres de l'Apli 22, « il y a un ménage gigantesque à faire ». À commencer, pour eux, par les coopératives « qui s'apparentent à des administrations ».

« Aujourd'hui, ce n'est pas la distribution qu'il faut viser, il faut d'abord nettoyer dans notre cour », insiste Francis Prigent. Pour l'éleveur, cela ne peut passer que par la législation. « L'État doit légiférer pour réglementer les coopératives, afin qu'une coopérative soit une identité unique et indivisible et qu'elle appartienne aux producteurs et non pas à des financiers. "Moi président je m'attaquerai au monde de la finance", avait promis Hollande en 2012 », ironise l'agriculteur. Pour l'Apli 22, il n'est plus acceptable « que des coopératives, qui commencent en coopérative avec des avantages fiscaux, finissent en SAS en payant des amendes plutôt que de divulguer leurs profits". 

Autre cible dans le viseur de l'Apli 22 : 

les industriels. « C'est contre eux qu'il faut se battre aujourd'hui, car ce sont eux qui nous payent ». L'association propose de mettre en place une régulation par les industriels. « Quand les industriels ne sont plus en mesure de payer aux producteurs un prix couvrant les coûts moyens de production, on enclenche un système pour proposer un prix majoré aux producteurs qui souhaitent baisser leur production. Ce système de régulation devra se généraliser au niveau européen et sera financé par une caisse de péréquation entre les éleveurs qui choisissent de réduire leur production et les éleveurs qui choisissent de continuer à produire à outrance ».
Et Gilles Guillou d'imager la situation : « Les routes sont un bel exemple. Pourquoi on y trouve des gendarmes ? Parce que sinon ce serait le bazar. Là, c'est pareil, il faut mettre un système de gendarme en place


extrait de : Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/economie/



Un discours en nette rupture avec les propos ultra libéraux de la FNSEA et une dénonciation du rôle du capital financier . des propos qui ouvrent la voie à une possible alliance entre les salariés et la  petite paysannerie .

Note du NPA Bear Gwengamp